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« Yom Haatzmaout » – jour de l’Indépendance – J’ai participé à la fondation de mon pays

déclaration-d-independance-israelGil Kessary – La fête nationale d’Israël (« Yom Haatzmaout » – jour de l’Indépendance), est célébrée cette semaine pour la 67e fois. Précédée comme chaque année, sans transition -et pour cause- par la Journée de la Mémoire, commémorant les 23.000 morts survenus au cours des guerres d’Israël, ainsi que par la Journée de la Shoah. Deux journées ancrées dans le coeur, au cours desquelles, tandis que retentit la sirène, une boule s’installe dans la gorge à la vue de toute la circulation s’arrêtant, les occupants se mettant à l’extérieur au garde-à-vous pendant de longues minutes. Un instant où tout semble s’arrêter, la vie paralysée, en souvenir des traumatismes de ce peuple et de ce pays.

Israélien de longue souche, deuxième génération, j’étais à la fois témoin et acteur dans cette épopée. J’y ai contribué de mon mieux et j’en suis fier.

Tout n’a pas commencé ce Hé béIyar (15 mai) 1948, date officielle de la fondation de l’État d’Israël, mais bien avant, avec la résolution de l’Onu sur le partage de la Palestine, suivant les combats menés par les trois groupes juifs clandestins contre le mandat britannique, voire contre les gangs arabes.

Il s’agissait de défendre, derrière des sacs de sable, les villes juives face aux assauts des voisins arabes, ayant rejeté, tout comme les pays arabes, cette résolution. Mais ce n’est qu’à la suite de la déclaration d’indépendance, dans un immeuble de Tel Aviv transformé en musée improvisé, que commençaient les choses sérieuses.

Tout ceci fait partie de la mémoire collective. Je voudrais relater mon souvenir  personnel.

Lycéen, j’ai rejoint d’abord l’ »Irgoun », l’un des trois groupes clandestins ayant combattu le régime du mandat britannique. Lorsque Ben Gourion a proclamé l’État d’Israël, je faisais partie d’un petit groupe de curieux rassemblés à l’extérieur du musée. Sans explosion de joie, ni manifestation d’allégresse. Une fois terminée la cérémonie, tout ce monde est rentré chez lui, sans imaginer l’ampleur du conflit qui commençait le lendemain, et qui dure toujours.

Le jeune État, peuplé tout juste de quelques centaines de milliers d’habitants, devait dès le lendemain se défendre contre les armées régulières, bien armées, en provenance de six pays arabes voisins. Tsahal n’avait que quelques milliers de jeunes, sortis de la clandestinité, peu entraînés et mal équipés. La situation se présentait très mal, aussi Ben Gourion prit une décision sans précédent, ni avant ni après: la mobilisation générale des jeunes de 17 ans, y compris les promotions des lycées.

C’est ainsi que je me suis trouvé avec d’autres lycéens -ayant accueilli cette aventure, il faut le reconnaître, avec une grande joie- dans un centre de recrutement. On ne se souciait guère d’être arraché du lycée un an avant le bac. On avait plus urgent à faire.

Ayant fait mes classes, et à l’issue d’entraînements assez élémentaires,  j’ai choisi de servir dans une des trois brigades du Palmach, l’unité d’élite de la Hagana pendant le mandat britannique. Ayant intégré Tsahal, j’étais dans la force de frappe contre les armées arabes. La brigade à laquelle j’étais affecté avait combattu dans le sud du pays face à l’armée égyptienne, bien supérieure en hommes et en matériel. Des combats féroces, plusieurs soldats autour de moi sont morts ou blessés.

gil kessary 1948

Lors de la bataille pour la conquête de Beersheva nous avons combattu auprès du régiment numéro 75, surnommé « Le Commando français », composé de quelques volontaires mais surtout de nouveaux immigrants maghrébins, connaissant à peine l’hébreu. Leur chef était le commandant Thadé Duffre, allias « Teddy Eytan »‘, un personnage légendaire, volontaire français non-juif, ancien officier de la Légion Étrangère. Bien plus tard, en France, il mourut dans un accident de la route

D’autres combats, puis d’autres amis morts ou blessés, pour enfin terminer en beauté par la prise de Oum Rashrash, aujourd’hui Eilat.

Ce n’est qu’au début de 1949, après la signature des accords d’armistice, fixant les nouvelles lignes établies selon le cessez-le-feu, que notre contingent de lycéens a été démobilisé provisoirement afin de reprendre les études et passer le Bac. Drôle de Bac, ayant probablement pris en considération les « héros fatigués »…

Au bout de six mois on a repris du service, jusqu’à la démobilisation. Mais l’engagement n’était pas terminé et continuait bien longtemps en tant que réservistes. Encore des guerres, encore des victimes, encore des devoirs et déboires. Mais ceci est une autre histoire.

© Gil Kessary pour  Europe Israël – reproduction autorisée avec un lien actif vers la source

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