Le ministre iranien des Affaires étrangères a accusé vendredi le président turc Recep Tayyip Erdogan de semer l’instabilité au Moyen-Orient. Mohammed Javad Zarif réagissait aux propos du président turc qui accusait Téhéran de chercher à dominer la région. Erdogan a apporté son soutien jeudi à l’offensive saoudienne au Yémen contre les chiites houthis, laissant entendre que les liens des rebelles avec Téhéran témoignaient des ambitions hégémoniques iraniennes.
Avec notre correspondant à Istanbul, Jérôme Bastion
Depuis jeudi, au fil des déclarations officielles et des entretiens téléphoniques – le président turc s’est entretenu au téléphone avec le roi Salman d’Arabie et le président américain Obama, ce vendredi -, l’engagement de la Turquie aux côtés de l’Arabie Saoudite et de ses alliés se précise, et se renforce. Il est en effet avéré désormais que les Turcs enverront des militaires au Qatar, mais normalement pas comme force combattante. Le ministre des Affaires étrangères affirme qu’Ankara restera à l’écoute des doléances des pays du Golfe pour se déterminer.
« Le soutien, tôt annoncé, de la Turquie à l’opération ‘Tempête de fermeté » se voulait d’abord moral, Ankara ne voulant pas de ce conflit sectaire », qui se joue au Yémen ; puis le président Erdogan annonçait jeudi sur France24 le soutien logistique de son pays, avant que le chef de la diplomatie turque, Mevlüt Çavusoglu n’évoque un partage de renseignements, et puis même finalement une mission de formation au Qatar.
L’armée turque va bien envoyer dans le petit émirat allié de Riyad un contingent d’officiers, et ce au terme d’un accord de coopération militaire renforcé signé en catimini le mois dernier, et promulgué – ce n’est pas un hasard – ce vendredi même.
Voilà qui fait craindre un engagement direct de la Turquie auprès de ses alliés régionaux sunnites contre l’influence chiite ; le président Erdogan n’ayant pas caché ses critiques vis-à-vis de l’interventionnisme iranien dans la crise yéménite. « L’Iran doit changer d’approche et retirer ses troupes au Yémen », a-t-il dit ; et de citer l’Irak où les militaires iraniens ne se battraient contre l’organisation Etat islamique que pour « prendre leur place ».
Téhéran a immédiatement mis en garde Ankara contre le coût élevé de ses ambitions et de ses « errements dans la région ».