Attentats de Paris : des menaces contre le Bataclan ignorées pendant cinq ans
La menace contre le Bataclan était connue. Une information judiciaire avait même été ouverte le 13 juillet 2010 sur un projet d’attentat contre la salle de spectacle finalement attaquée le 13 novembre 2015 à Paris, révèle mardi 15 décembre Le Canard Enchaîné. Une menace qui n’avait entraîné aucune mesure de surveillance particulière jusqu’à la mort de 89 morts lors du concert des Eagles of Death Metal.
Tout commence le 22 février 2009. Ce jour-là, un groupe de lycéens français est victime d’un attentat au Caire (Egypte), qui fait un mort et 24 blessés. Une Française, Dude Hoxha, est rapidement arrêtée. Aux enquêteurs français, elle confie que l’un de ses amis avait pour « projet de faire exploser le Bataclan ». Dans son journal intime, elle écrit que « le patron est un juif qui finance l’armée israélienne » (des soirées de soutien à Tsahal ont en effet été organisées dans la salle).
Un non-lieu en 2012
Une information judiciaire est ouverte et Farouk Ben Abbes, l’ami en question, est écroué. Faute de preuves, elle se termine le 14 septembre 2012 par un non-lieu. Les propriétaires de la salle de concert ne sont pas informés des menaces. Olivier Morice, l’avocat de Cécile Vannier, la victime du Caire, écrit aux juges en 2014 pour se faire communiquer le dossier. Sans succès.
Le 14 décembre, celui qui est désormais avocat de certaines victimes du Bataclan a demandé la jonction de ce dossier avec l’enquête sur l’attaque. Farouk Ben Abbes est en effet un proche de Fabien Clain, qui a revendiqué les attentats du 13 novembre pour le groupe Etat islamique. Ce n’est pas le seul lien entre les deux affaires : Christophe Teissier, qui avait dirigé l’information judiciaire, est en charge de l’enquête sur le massacre du Bataclan.