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USA: tension à Ferguson, quadrillée par 2200 militaires

l n’y a « aucune excuse » aux actes de violence, a condamné le président Barack Obama

« Manifestation à Ferguson, le 24 novembre 2014 ( Jewel Samad (AFP) ) »Manifestation à Ferguson, le 24 novembre 2014 ( Jewel Samad (AFP) )

Le président américain a condamné les violences à Ferguson, quadrillée mardi soir par trois fois plus de militaires que la veille pour éviter de nouvelles émeutes, après la décision d’un jury populaire de ne pas poursuivre un policier blanc responsable de la mort d’un jeune Noir.

«Brûler des bâtiments, mettre le feu à des voitures, détruire des biens, mettre des gens en danger: il n’y a aucune excuse pour cela, ce sont des actes criminels», a déclaré Barack Obama lors d’un discours à Chicago.

«Il existe des moyens constructifs d’exprimer ses frustrations», a poursuivi le président, reconnaissant qu’il existait, au sein de nombreuses communautés, le sentiment tenace que «les lois ne sont pas toujours appliquées de la même manière et de façon équitable».

Après trois mois de délibérations, le grand jury a conclu que le policier Darren Wilson avait agi en état de légitime défense en tirant le 9 août douze coups en direction de Michael Brown, qui l’avait d’abord frappé au visage avant de prendre la fuite.

S’exprimant pour la première fois depuis le drame, le policier a assuré sur la chaîne ABC mardi avoir «bonne conscience» et qu’il aurait agi de la même manière avec un jeune Blanc.

Il explique avoir eu peur d’être tué par Michael Brown, croyant que le jeune était en train de lui dérober son arme pour lui tirer dessus. «Il a foncé sur moi, il allait me tuer», a-t-il raconté.

La décision annoncée lundi de ne pas poursuivre le policier a enflammé les rues de Ferguson, où de nombreux commerces autour du poste de police ont été pillés et incendiés dans la nuit.

Mais mardi soir, dans cette petite banlieue de St Louis dans le Missouri, qui compte 21 000 habitants, quelque 2200 militaires de la Garde nationale ont été déployés devant les maisons, les commerces et une centaine de lieux clés, a annoncé le gouverneur du Missouri, Jay Nixon.

De «nouvelles lois»

«Les vies et les biens doivent être protégés. Cette communauté mérite la paix», a-t-il expliqué lors d’une conférence de presse, précisant que les militaires prêteraient main forte aux policiers et «seraient prêts à agir rapidement» pour éviter de «répéter le désastre d’hier soir».

Plus tôt dans l’après-midi, le chef de la police de St Louis avait lui aussi promis «une présence policière très importante» et «une intervention bien plus rapide» que lundi soir.

Le leader des droits civiques Al Sharpton a multiplié mardi les appels au calme. «Ce ne sont pas les cendres des bâtiments en feu de Ferguson qui doivent entretenir la mémoire de Michael Brown. C’est par de nouvelles lois et le respect de la loi pour tous les citoyens qu’on doit lui rendre hommage».

A ses côtés, l’avocat de la famille du jeune Noir a dénoncé «un système (judiciaire) cassé». «C’est tout le système qui devrait être mis en accusation», a lancé Benjamin Crump lors d’une réunion publique.

«On pouvait prévoir ce qui allait arriver», a-t-il ajouté, dénonçant les «relations de proximité» entre le procureur – dont le père policier a été tué par un Noir – et la police de St Louis. Il a pointé des contradictions dans le témoignage du policier, déplorant que ce dernier n’ait subi aucun contre-interrogatoire.

Fait inhabituel: le procureur a rendu public tout le dossier de l’instruction. «A un moment, il s’est arrêté, s’est retourné et m’a regardé, a poussé un grognement et avait le visage le plus agressif que j’ai jamais vu sur une personne», a raconté Darren Wilson, interrogé par la police au lendemain des faits.

Le policier, qui est toujours en congé administratif, n’est cependant pas à l’abri de toute poursuite. Le ministre de la Justice Eric Holder a rappelé que deux enquêtes fédérales étaient en cours et promis des conclusions rapides «pour rétablir la confiance» entre la police et la communauté noire.

«Déni de justice»

Le Sénat de son côté va organiser le 9 décembre une audition sur la situation des droits civiques aux États-Unis.

L’avocat de la victime a déploré que «dans toute l’Amérique, à New York, à Los Angeles, en Californie, à Cleveland, les jeunes garçons de couleur sont tués par les policiers».

A Cleveland, des manifestants ont défilé mardi soir pour protester contre la mort d’un garçon noir de 12 ans, tué par un policier alors qu’il manipulait une arme factice.

D’autres manifestations réclamant justice pour Michael Brown ont eu lieu mardi dans 37 États américains, a recensé CNN.

De grands sportifs et vedettes ont également protesté sur les réseaux sociaux contre la décision du grand jury, dénonçant un «déni de justice» et un «système» vicié.

La famille de Michael Brown, «profondément déçue», avait lancé un appel au calme lundi mais la situation a rapidement dégénéré dans la nuit.

Des manifestants ont lancé des pierres, des cocktails molotov et les policiers, avec des renforts de la Garde nationale et du FBI, ont riposté à coups de gaz lacrymogènes, matraques et grenades aveuglantes.

Les forces de l’ordre ont décrit cette nuit comme la pire depuis les émeutes déclenchées en août après la mort de Michael Brown.

Sa mort a ravivé le débat sur l’attitude des forces de l’ordre et les relations raciales aux États-Unis.

La Russie, en froid avec les États-Unis, s’est empressée d’affirmer que les violences de Ferguson étaient révélatrices d’«énormes problèmes» dans le pays en matière de droits de l’homme.

(AFP)

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