Paris, 12 jan 2015 (AFP) – « Une personne a voulu partir: il lui a tiré dans le dos ». Sophie, l’une des otages du jihadiste Amédy Coulibaly, a raconté lundi à Europe 1 les quatre heures « d’horreur » qu’elle a vécu dans le supermarché casher de la porte de Vincennes, à Paris.
« Quand je suis arrivée à l’entrée du magasin (…), je suis tombée sur le cadavre d’une personne, assise, la tête penchée. J’ai eu l’impression d’être dans un mauvais film », a raconté l’otage qui faisait ses courses dans l’épicerie vendredi vers 13 heures.
Au total, quatre juifs ont été tués au cours de la prise d’otage. Amédy Coulibaly, lui, est mort au cours de l’assaut lancé par les forces de l’ordre peu après 17H00.
« Le temps que je réalise ce qui se passe, j’ai levé la tête, et j’ai vu le
terroriste qui m’a dit: +Tu rentres tout de suite !+ Il était armé jusqu’aux dents (…). Je n’ai pas pu faire marche arrière, j’étais vraiment à l’entrée, j’ai dû rentrer », raconte Sophie.
« Une personne a voulu partir: il lui a tiré dans le dos », explique-t-elle. Un autre va tenter de neutraliser le preneur d’otage. « Coulibaly a posé une de ses armes automatiques. Le jeune homme qui était en face a pris le fusil d’assaut et a voulu lui tirer une balle », mais le preneur d’otage « a été plus rapide et il lui a mis une balle dans la gorge. Le pauvre jeune homme est tombé… », a-t-elle dit, en sanglots.
C’est Sophie qu’Amédy Coulibaly a désigné pour aller chercher les clients qui s’étaient réfugiés au sous-sol, dans les chambres froides, après y avoir été mené par un des employés du magasin, un musulman pratiquant, Lassana
Bathily.
« Malheureusement, il y avait un père avec son enfant de 3 ans. (…) Je me suis dit que j’ai fait monter un enfant de 3 ans, c’est une horreur. Dans l’autre chambre froide, on n’a pas réussi à ouvrir, ils ne répondaient pas.
J’ai dit: +Laissez tomber, on dira qu’il n’y a personne+ », se rappelle la témoin.
Sophie raconte aussi qu’elle a empêché le père de famille de tenter quelque chose contre Coulibaly. « Dans l’escalier, le papa du garçon est monté avec un extincteur. Il me dit: +Je dégoupille, je vais le mettre sur lui+. J’ai dit: +Vous ne faites rien ! Il vient d’en descendre un devant moi, vous ne faites
rien !+ »
Le raid des forces de l’ordre est lancé peu après 17h00. « Ça a pété, d’un seul coup. On s’est tous précipités, à essayer de se cacher quelque part.
(…) Petit à petit le rideau de fer est monté. Et là, je me suis dit : +Il
faut y aller, il faut partir+. »