L’enquête piétine, la police israélienne après avoir suivi la piste d’extrêmistes juifs en raison des tags laissés sur la maison incendiée a lancé un appel à témoins hier mardi provoquant de nombreuses réactions d’Israéliens qui l’accusent d’avoir mal orienté son enquête.
Il y a quelques jours une visite de condoléances a été organisée par une ong de gauche, Tag Méir (le Tag qui éclaire) par opposition au groupe du Tag Mé’hir (Tag du prix à payer), parmi les Israéliens qui ont participé, quelques habitants juifs de Judée-Samarie, ceux qu’on appelle de façon erronée les « colons ».
En lisant un des témoignage, j’ai trouvé que la piste d’extrêmistes juifs n’est pas du tout avérée, en effet :
Les incendiaires ont choisi des maisons difficiles d’accès, au cœur du village, avec l’obligation de rebrousser chemin pour s’enfuir, ils ont incendié une 1ère maison et voyant qu’elle était vide alors ils auraient décidé de s’en prendre à la maison voisine, qui comme vous le voyez sur les photos est entourée d’un mur et dont les fenêtres sont protégées par des barreaux, impossible donc de l’incendier par les fenêtres, ils ont du entrer dans la maison, y mettre le feu et auraient retenu les parents qui voulaient s’enfuir, (sans le bébé ?) ils ont attendu que la maison soit en flammes pour relâcher les parents et s’enfuir si c’est le cas ils doivent être bien brûlés également puisque les parents le sont gravement ! Attendez ce n’est pas fini, au lieu de s’enfuir immédiatement, ils ont encore eu le temps de faire plusieurs tags sur les murs, de rebrousser chemin et d’échapper aux voisins alertés par les cris et les flammes ? Enfin comment peut-on savoir s’ils étaient deux ? Il y a donc beaucoup d’invraisemblances.
Voici donc le témoignage de Yonadav Tapouchi qui dit bien qu’il est allé faire une visite de condoléance, mais en aucun cas demander pardon car il n’a rien à se reprocher, j’ai traduit de l’hébreu le passage important :
« Tout au long de notre visite nous avons été accompagné par le chef du village et la famille et nous avons entendu leurs explications en arabe, leur version des faits, qu’on nous a traduit, l’histoire est très curieuse : d’abord le fait que les deux maisons brûlées, je ne savais pas qu’il y en avait deux, se trouvent au cœur du village et pour y parvenir depuis l’entré du village il nous a fallu quelques bonnes minutes, Douma s’étend sur une énorme superficie et les deux maisons incendiées se trouvent au bout d’une route sinueuse bordée de clôtures et de cours. Selon la version qu’on nous a racontée durant la visite, les assaillants ont mis le feu à une première maison, ils ont vu qu’elle était vide et sont allés incendier la maison voisine. Celle-ci est entourée d’une clôture avec des grilles sur toutes les fenêtres, il est impossible de jeter une bouteille incendiaire à travers les fenêtres, ils sont donc entrés dans la maison, ont mis le feu puis ont empêché les parents qui voulaient fuir en les retenant jusqu’à ce que la maison soit complètement en flammes, c’est seulement alors qu’ils se sont enfuis et sont partis se réfugier dans le yichouv voisin.
C’est une histoire rocambolesque, pourquoi auraient-ils choisi de s’enfoncer au coeur du village et surtout comment ont-ils eu le temps de mettre le feu à une maison vide, de changer de maison, d’attendre qu’elle soit bien enflammée en empêchant les parents de sortir, de faire des tags sur les murs (« Nekama », vengeance, « Vive le roi Messie » et un dessin d’une petite couronne) puis de s’échapper en retraversant le village alors que tous les habitants étaient déjà debout alertés par le feu et les cris des victimes, ça sent mauvais ! »
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vous pouvez voir la traduction en anglais ici
Il signale aussi qu’il a été très impressionné par la journaliste Ifat Erlich, la jeune femme habillée en bleu, que vous pouvez voir dans la vidéo ci-dessous discutant avec des villageaois et un journaliste arabe, son article sera publié dans quelques jours…
Yonadav Tapouchi signale aussi qu’il a été très impressionné par la journaliste Ifat Erlich, la jeune femme habillée en bleu, que vous pouvez voir dans la vidéo ci-dessous, discutant avec des villageaois et un journaliste arabe. Son article sera publié dans quelques jours…
Voici la traduction de cet échange très intéressant !
– Ifat Erlich : Je veux vous faire remarquer que vous parlez de tous les « colons » mais parmi ces gens il y en a qui sont très tristes de ce qui s’est passé ici, et j’en fais partie.
– Je parle de ceux qui vivent dans la West Bank, Cisjordanie.
Ifat : Mais moi aussi j’en fais partie
– La voix des gens raisonnables doit influencer les autres.
-Ifat : C’est pour ça que je suis venue.
Avec le journaliste arabe :
– Ifat : Tu crois que je n’ai pas peur la nuit, de Tel-Aviv à Neve Tsouf, je circule seule la nuit dans une voiture non blindée, tu crois que je n’ai pas peur ? Bien sûr que j’ai peur, est-ce que quelqu’un me protège ? Non, est-ce que quelqu’un protège mes enfants ? Non, je sais que chaque jour il peut nous arriver quelque chose… La majorité des Juifs, des Israéliens, et la majorité des habitants des implantations ne veulent pas qu’il arrive quelque chose aux Palestiniens… Nous vivons dans la peur, je vis dans la peur aussi, tout le temps.
Une autre Israélienne dit : – Mais tu ne peux pas comparer la situation des Arabes et des habitants juifs…
– Ifat : Notre situation à nous est bien pire
– Bien pire ?
– Le journaliste : Disons qu’eux, ils viennent embêter les Palestiniens
– Ifat : C’est qui, eux ?
– Les colons.
– Ifat : Il y a toutes sortes de colons.
– Et il y a aussi toutes sortes de palestiniens.
– Ifat : C’est vrai, il faut arrêter et parler, je serais heureuse que des habitants de Douma aillent faire leurs condoléances à, il y a aussi des enfants juifs qui ont été assassinés, non ? Est-ce qu’il y a des Palestiniens qui sont allés faire leurs condoléances ? Allez qu’on s’assoie ensemble et qu’on parle les uns avec les autres, est-ce que quelqu’un parmi vous est allé à Itamar faire les condoléances à la famille Fogel ? Est-ce qu’une délégation est allée là-bas ? Non, nous nous sommes venus, moi je suis allée (faire les condoléances) chez les Fogel, chez les Rosenfeld et je suis venue ici également.
– Le journaliste : D’abord, félicitations, mais les Palestiniens n’habitent pas sur votre terre alors que vous vous habitez sur leur terre.
– Ce n’est pas ce que je pense.
– Non, ne m’interromps pas .. Il y a beaucoup de colons.
– Mais la vérité, c’est qu’il y a de la place pour tous et nous nous disputons pour rien, je suis contre le fait qu’on déloge des gens de leurs maisons comme par exemple on vient de déloger des Juifs de leurs maisons, c’est criminel, et également ce qui s’est passé ici c’est criminel, et je suis opposée à ce qu’on déloge un seul Arabe de sa maison comme je suis opposée à ce qu’on déloge un seul Juif de sa maison, si tu vis vraiment ici dans cette zone, alors tu sais qu’il y a de la place, il y a de la place, pas besoin de se disputer, il y a des montagnes, des collines vides qui attendent que des habitants viennent s’y installer, pas besoin de se disputer… Brouhaha.
Ils parlent ensuite des maisons des familles, détruites parfois en cas d’attentat.
– Ifat : On peut le faire pour des familles de terroriste juif ou arabe seulement dans le cas où la famille soutient l’acte terroriste, si la famille déclare que c’est un héros, un shahid, alors elle porte la responsabilité de l’acte, s’ils regrettent l’acte criminel alors pourquoi les punir ? Mais s’ils ne regrettent rien alors il faut les punir.
[C’est un point qui suscite beaucoup de critiques, il faut le replacer dans un contexte législatif, la loi israélienne n’est pas appliquée dans ce cas, dans la zone C de Judée-Samarie, contrôlée par Israël, car ce n’est pas un territoire israélien et ce n’est pas non plus d’après la loi internationale un territoire palestinien, il y a un vide juridique et les maisons sont détruites en vertu de la loi britannique, la dernière en vigueur légalement, qui contient des vestiges de la loi ottomane, et non pas d’après la loi israélienne comme on l’entend trop souvent !]