Marseille, 9 juin 2015 (AFP) – Un responsable de l’UJFP, une association juive militant pour les droits des Palestiniens, a été interpellé dans la nuit de lundi à mardi par le Raid à son domicile de Marseille après une dénonciation mensongère, a-t-on appris auprès de la préfecture de police et de l’association.
Pierre Stambul, membre du bureau national de l’Union juive française pour la paix (UJFP), a été interpellé par le Raid cette nuit vers 01h30, a indiqué à l’AFP Daniel Lévyne membre de l’association.
« M. Stambul a été victime d’un canular, d’un acte malveillant », a expliqué à l’AFP le préfet de police des Bouches-du-Rhône, Laurent Nuñez.
Une personne « a appelé la police en utilisant son numéro de téléphone, et en disant avoir battu sa femme », a-t-il raconté.
Les policiers « ont effectué un +contre-appel+ »: ils ont rappelé le numéro – qui correspondait bien au numéro de M. Stambul – « et sont retombés sur le même individu, qui leur a cette fois-ci dit que sa femme était morte » et qu’il attendait la police « avec un fusil », a-t-il poursuivi.
« C’est ce contre-appel qui a déclenché l’opération du Raid » a expliqué le représentant de l’État.
M. Stambul a été entendu quelques heures au commissariat en garde à vue, avant d’être remis en liberté vers 10h00.
Interrogé sur les ressemblances apparentes entre ce canular et les méthodes du hacker franco-israélien Ulcan, de son vrai nom Grégory Chelli, M. Nuñez a admis la pertinence de la comparaison, « autant sur le mode opératoire que sur
les cibles ».
Chelli, qui se présentait sur Twitter comme « militant sioniste » s’en est pris à plusieurs reprises ces dernières années à des journalistes ou des médias dont les positions lui paraissent hostiles à Israël. Il avait revendiqué le piratage de France Inter et France Info et avait visé personnellement le journaliste de Rue89 Benoît Le Corre avec un mode opératoire similaire.
Fin juillet, il avait appelé les parents de Benoît Le Corre, en leur annonçant le décès de leur fils. Quelques jours plus tard, se faisant passer pour le père du journaliste, il avait appelé la police en annonçant avoir tué son épouse et son enfant, provoquant une intervention de la police au domicile familial en pleine nuit.
Une information judiciaire a été ouverte à Paris sur les actes de harcèlement et de malveillance qui sont attribués à Chelli.
« De mémoire, c’est la première fois » qu’un pirate « répond à un contre-appel », note cependant M. Nuñez.
Il a également indiqué avoir appelé une représentante de l’UJFP pour déplorer ce qui s’était passé.