Un gouverneur de Turquie a été accusé
d’antisémitisme et d’incitation à la haine après avoir annoncé son intention
de transformer une synagogue en musée en réaction aux restrictions imposées
par Israël à l’accès à la mosquée Al-Aqsa de Jérusalem.
« Pendant que ces bandits soufflent le vent de la guerre et massacrent des
gens dans la mosquée Al-Aqsa, nous nous rénovons leurs synagogues », s’est
exclamé Dursun Sahin, le plus haut représentant de l’Etat turc dans la
province d’Edirne (nord-ouest), à la frontière avec la Bulgarie et la Grèce.
« Je le dis avec beaucoup de haine en moi. Nous nettoyons leurs cimetières
et nous approuvons leurs projets (de restauration) », a-t-il poursuivi vendredi
devant la presse, « leur synagogue (…) ne sera donc plus considérée que comme
un musée ».
Dans le collimateur du gouverneur, la grande synagogue d’Edirne, construite
en 1907 sous le règne du sultan ottoman Abdulhamit.
Les propos de ce responsable ont immédiatement suscité un tollé qui l’a
contraint à faire marche arrière et à finalement confier le sort du bâtiment
visé à l’agence gouvernementale en charge du patrimoine historique.
Lundi, l’Association turque des droits de l’Homme (IHD) a accusé le
gouverneur Sahin de propos « nourrissant la haine et l’animosité » et exigé sa
démission. « S’il ne démissionne pas, il doit être suspendu de ses fonctions et
poursuivi en justice. Si non, la république turque serait complice de ce
crime », a ajouté IHD.
Le grand rabbin de Turquie, dont la communauté réunit 20.000 personnes, a
exprimé son « inquiétude après des propos tenus par un gouverneur qui
représente l’Etat ».
L’agence en charge du patrimoine s’est efforcé de calmer les esprits en
expliquant qu’il n’était pas dans ses intentions de répondre aux suggestions
du gouverneur. « Ce bâtiment gardera sa vocation religieuse, à destination de
tous les visiteurs », a déclaré son chef, Adnan Ertem, à l’agence de presse
gouvernementale Anatolie.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a lui-même vivement réagi à la
décision d’Israël d’interdire l’accès de la mosquée d’Al-Aqsa, le jugeant
« méprisable » et « impardonnable ».
M. Erdogan est un habitué des violentes sorties anti-israéliennes. L’an
dernier, il avait assimilé le sionisme à un crime contre l’Humanité.
fo-pa/ros