A Saint-Mandé, l’attentat contre l’Hyper Cacher voisin, à la porte de Vincennes, est toujours vivace dans la tête des habitants de cette ville de 25 000 âmes dont environ 35 % de juifs. La sérénité de la population est mise à mal, remplacée souvent par une envie de sécurité renforcée.
La municipalité l’a bien compris en mettant en avant sa police municipale à partir de ce jeudi à travers une campagne d’affichage la montrant « à l’écoute et au service de la population ».
« C’est positif », affirment Jacques et Michèle, Saint-mandéens depuis 20 ans qui assurent aussi « voir souvent la police municipale à l’œuvre dans les rues ». « Je les voudrais plus nombreux », lance Alain. Déjà en janvier, lors de la cérémonie des vœux, Patrick Beaudouin maire LR de Saint-Mandé rendait hommage aux forces de l’ordre. C’est lui aussi qui a décidé d’armer sa police, « autant pour la sécurité de la population que pour celle de ses agents ». C’est lui encore qui, récemment, a saisi le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, afin de lui demander « une évolution des moyens donnés des gardiens de police municipale, mais également sur les outils juridiques qui encadrent leurs missions. » Ce jeudi, il nous a également confié qu’il allait doter d’un bip d’alarme les chefs de tous les établissements recevant des enfants. Ce bip avertira la police municipale. Pour Christiane, «tout est fait uniquement pour redorer le blason du maire et conforter la population juive ».
De plus en plus de départs
Cette population, fortement blessée en son sein a réagi de plusieurs façons. « On peut considérer qu’environ 200 logements ont été quittés ou mis en vente depuis l’affaire Merah, à Toulouse en 2012, affirmeSabrina Scetbon, vice-présidente de la Confédération des Juifs de France et Amis d’Israël et par ailleurs attachée de presse de la mairie de Saint-Mandé. Un phénomène accentué depuis les attentats de 2015. » Certains sont retraités, d’autres se sont éloignés un peu, tandis que de nombreux jeunes couples ont fait leur Alya (retour au pays d’Israël NDLR), « soucieux de l’avenir de leurs enfants », précise Sabrina Scetbon. « Moi, je reste affirme André. Voir ces soldats en tenue et en éveil devant les lieux de culte, ça me rassure. Je suis aussi pour plus de caméras dans les rues. »