L’ONU a dit ignorer qui étaient les ravisseurs, parlant simplement d’un « groupe armé ». A Beyrouth, les rebelles syriens de la Brigade des martyrs de Yarmouk ont immédiatement revendiqué l’opération. Un cliché accompagnant le communiqué des insurgés montre les quatre soldats portant des gilets pare-balles des Nations unies siglés « Philippines« .
Le groupe affirme que cet enlèvement a pour but de « protéger les forces de l’ONU » déployées dans un secteur frappé par les bombardements des troupes du régime. L’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), une ONG syrienne, a confirmé de violents combats dans la région.
21 SOLDATS ENLEVÉS DÉBUT MARS
Début mars, ce même groupe rebelle avait revendiqué l’enlèvement pendant plusieurs jours de vingt et un casques bleus philippins de la Fnuod, toujours dans cette région du Golan. La Force des Nations unies compte plus de 1 000 soldats. Créée en mai 1974, elle est actuellement composée de contingents autrichien, croate, indien et philippin.
Israël est officiellement en état de guerre avec la Syrie en raison de la situation dans le Golan. Il occupe depuis 1967 1 200 km2 de cette région, qu’il a annexés, une décision que n’a jamais reconnue la communauté internationale, environ 510 km2 restant sous contrôle syrien.
Depuis le début de la guerre en Syrie, la situation s’est tendue sur le plateau du Golan mais les incidents – obus syriens tombant côté israélien et tirs de semonce israéliens – sont restés jusqu’à présent limités. Mais ces derniers jours, des projectiles syriens sont tombés sur le territoire israélien, sans que l’on sache d’où exactement provenaient les charges et s’il s’agissait d’erreurs de tir.
« L’IRAN SE TIENT AUX CÔTÉS DE LA SYRIE »
En visite à Damas, le chef de la diplomatie iranienne, Ali Akbar Salehi, dont le pays est un allié du régime syrien, a affirmé qu’il fallait empêcher Israël d’agir à sa guise, selon la télévision syrienne. Il faisait référence aux raids aériens israéliens qui ont visé vendredi et dimanche des sites militaires près de Damas et dont certains abritaient, selon des sources israéliennes, des armes en provenance d’Iran et destinées au mouvement chiite libanais Hezbollah. Téhéran avait démenti que des armes iraniennes s’y trouvaient.
« Le temps est venu de dissuader l’occupant israélien de mener de telles agressions contre les peuples de la région, a dit M. Salehi, qui a été reçu par le président Bachar Al-Assad. L’Iran se tient aux côtés de la Syrie face aux agressions israéliennes. »
Pour sa part, le président Assad a affirmé que le peuple syrien et son armée étaient « en train d’obtenir d’importants résultats dans le combat contre le terrorisme » et étaient « capables d’affronter les opérations aventureuses israéliennes qui sont l’une des formes du terrorisme qui vise la Syrie ».
ISRAËL « NE S’IMPLIQUE PAS DANS LA GUERRE »
De son côté, le ministre de la défense israélien, Moshé Yaalon, a affirmé que son pays ne « s’impliquait pas dans la guerre civile en Syrie » mais continuerait à empêcher le transfert d’armes perfectionnées au Hezbollah. « Nous avons fixé des lignes rouges, parmi lesquelles le transfert d’armes perfectionnées à des organisations terroristes comme le Hezbollah et d’autres, ou d’armes chimiques, ou la violation de notre souveraineté le long de la frontière », a indiqué M. Yaalon.
L’ONU a indiqué avoir demandé à Israël de cesser ses survols du Liban, qui ont augmenté ces derniers jours à la suite des raids israéliens en Syrie. Le premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, dont le pays est un allié des rebelles, a lui dénoncé ces raids, les qualifiant d’« inacceptables ».
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Outre les dizaines de milliers de morts en plus de deux ans, le conflit a fait 4,25 millions de déplacés, sur une population de 22 millions d’habitants, selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA). Le plus grand nombre de déplacés se trouve à Alep, deuxième ville du pays, puis dans la campagne autour de la capitale Damas, selon l’OCHA. Plus de 1,4 million de Syriens se sont par ailleurs réfugiés dans les pays voisins, selon Haut Commissariat aux réfugiés de l’ONU.