ATTENTION – Ajoute réunion conseil de sécurité, Israël ///
DAMAS, 29 août 2013 (AFP) – Le président syrien Bachar al-Assad a menacé de
défendre son pays « contre toute agression » des Occidentaux qui maintiennent la
pression en poursuivant leurs préparatifs militaires au moment où les experts
de l’ONU rentrent dans la dernière ligne droite de leur enquête sur
l’utilisation présumée de l’arme chimique par Damas.
Dans ce contexte de grande tension où le décor semble planté pour une
opération militaire limitée contre Damas, mais où le scepticisme commence à
s’installer dans de nombreuses capitales sur l’opportunité d’une telle
intervention, les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU
doivent de nouveau se réunir jeudi à huis clos pour continuer à examiner un
projet de résolution britannique qui justifierait une intervention militaire
contre le régime syrien pour le punir d’avoir employé des armes chimiques
contre sa population, selon des diplomates.
Les ambassadeurs des cinq pays (Etats-Unis, France, Royaume-Uni, Chine,
Russie) s’étaient déjà réunis mercredi, sans parvenir à conclure sur une
résolution autorisant une intervention militaire en Syrie, Moscou et Pékin
continuant de rejeter toute action contre Damas.
« La Syrie se défendra contre toute agression », a martelé auparavant M.
Assad, dont les propos ont été diffusés par la télévision officielle de Damas,
où de nombreux habitants vivant dans la crainte de frappes aériennes plient
bagages.
Même si le président américain Barack Obama, qui cherche à ne pas répéter
les erreurs de Georges Bush en Irak, dit ne pas avoir encore pas pris de
décision sur une éventuelle action en Syrie, son pays a déployé un destroyer
supplémentaire face aux côtes syriennes, portant temporairement à cinq le
nombre de navires équipés de missiles de croisière en Méditerranée orientale.
De son côté, Londres a déployé six avions de chasse Typhoon sur l’une de
ses bases à Chypre, à une centaine de kilomètres seulement des côtes syriennes.
A Damas, les forces armées syriennes ont été repositionnées hors de leurs
postes de commandement, et les habitants de la capitale se préparaient au pire
et faisaient face à des contrôles renforcés à des barrages routiers.
S’exprimant depuis Istanbul, qui prône ouvertement une opération musclée
contre le régime de Bachar al-Assad, l’opposition syrienne a affirmé que les
défections s’étaient multipliées dans l’armée ces derniers jours.
Dans le camp des alliés de M. Assad, Moscou – hostile à toute
intervention en Syrie – a annoncé l’envoi prochain en Méditerranée d’un
bateau de lutte anti-sous-marine et d’un navire lance-missiles.
Fort de l’appui de la Russie, M. Assad, qui avait déjà démenti les
accusations « insensées » de recours à l’arme chimique présumée contre des
civils le 21 août dans les faubourgs de Damas, a affirmé que la Syrie « est
déterminée à éradiquer le terrorisme soutenu par Israël et les pays
occidentaux », assimilant comme depuis près de deux ans et demi la rébellion à
du terrorisme.
Sur la même ligne que Londres, M. Obama a affirmé que son pays avait
clairement établi la responsabilité du régime dans cette attaque chimique, et
un haut responsable de l’administration a annoncé qu’elle allait informer
jeudi le Congrès de données classifiées du renseignement sur cette attaque.
« Coup de semonce »
Barack Obama a dit mercredi ne pas « encore avoir pris de décision » sur une
frappe censée dissuader le régime « de ne pas recommencer » à utiliser des armes
chimiques, évoquant « un coup de semonce ».
Le Canada, allié de Washington, a indiqué ne pas envisager de participer à
d’éventuelles frappes.
Londres, qui a dit qu’il ne lancerait pas d’action militaire avant de
connaître les conclusions des experts de l’ONU, a néanmoins affirmé qu’il
« serait toujours autorisé » à mener « une intervention ciblée » en Syrie, même en
cas de blocage au Conseil de sécurité, « en vertu de la doctrine d’intervention
humanitaire ».
Le Premier ministre britannique David Cameron a reconnu devant les députés
qu' »il n’y a pas 100% de certitude » sur la responsabilité de l’attaque
présumée tout en redisant sa conviction qu’elle avait été menée par le régime.
Les députés de son pays devaient se prononcer jeudi soir sur une motion du
gouvernement prévoyant le principe d’une intervention en Syrie, mais
l’opposition travailliste a décidé de voter contre.
A Paris, le gouvernement a expliqué que la riposte militaire était
« compliquée à construire ». Le président François Hollande et la chancelière
allemande Angela Merkel ont eux aussi déclaré attendre les résultats de
l’enquête des experts de l’ONU en Syrie.
M. Hollande a cependant insisté sur la nécessité de « marquer un coup
d’arrêt par rapport à l’escalade de la violence ».
Après les déclarations faisant croire à une action imminente ces derniers
jours, des pays occidentaux dont la Grande-Bretagne ont dit vouloir attendre
les résultats de l’enquête des experts de l’ONU sur l’attaque chimique
présumée qui, selon l’opposition syrienne, a fait des centaines de morts.
Parallèlement, les classes politiques en Europe s’interrogeaient sur le
bien fondé de frappes contre le régime, en écho à la réticence généralisée des
opinions publiques.
A Damas, les experts ont achevé jeudi une troisième visite sur les lieux
après avoir prélevé mercredi des échantillons auprès des victimes de l’attaque
chimique présumée dans des localités de la Ghouta orientale et de la Ghouta
occidentale, dans la banlieue de Damas.
Les experts « continueront leur enquête jusqu’à demain vendredi, et ils
quitteront la Syrie d’ici samedi dans la matinée », a déclaré le secrétaire
général des Nations unies, Ban Ki-moon, en plaidant de nouveau pour un
règlement politique. Un porte-parole de l’ONU a précisé qu’ils feraient un
premier « compte-rendu oral » à M. Ban dès leur retour de Syrie, mais que les
conclusions finales devraient attendre des analyses en laboratoire pouvant
prendre des semaines.
Le Vatican a estimé que la voie du dialogue et de la négociation était
« l’unique option » pour sortir la Syrie de la crise et les Eglises du
Moyen-Orient, alarmées sur le sort des chrétiens de la région, ont jugé qu’une
telle action renouvellerait en pire l’expérience calamiteuse de l’Irak il y a
dix ans.
Parmi les alliés de M. Assad, le chef d’état-major iranien, Hassan
Firouzabadi, a prévenu qu’une action militaire contre la Syrie aurait des
conséquences sur toute la région et mènerait Israël « au bord des flammes ».
Israël a rétorqué qu’en cas de menace il répliquerait « avec toute sa force »
et fait état du déploiement de systèmes d’interception anti-missiles dans la
perspective de débordements.
bur-vl/sba