98 ans, des cheveux blancs, un appareil auditif et une veste en velours, Yaroslav Hunka assiste à l’hommage rendu par son pays d’adoption, le Canada, à son pays d’origine, l’Ukraine, à l’occasion de la venue de son président Volodymyr Zelensky. Un invité qui aurait pu se fondre dans la masse si le président de la Chambre des communes Anthony Rota ne l’avait pas salué, rendant hommage à un « héros ukrainien, un héros canadien » que le pays remercie pour « son service ».
Un hommage intolérable pour des associations juives canadiennes reconnaissant, dans ce vieil homme applaudi, un ancien soldat de l’Allemagne nazie. Yaroslav Hunka est en effet un ancien membre de la Waffen-SS, la branche militaire des SS créée en 1939 par Adolf Hitler, d’après les recommandations du commandant Heinrich Himmler. Il appartenait plus précisément à la 14e division de grenadiers, connue sous le nom de division Galice, une unité composée d’Ukrainiens dits « de souche » placée sous le commandement nazi.
L’unité fut rebaptisée Première Division ukrainienne avant de se rendre aux Alliés occidentaux en 1945. Elle n’a jamais été condamnée pour ses crimes de guerre, mais elle serait responsable de l’exécution de civils polonais et juifs.
Le Canada, terre refuge pour les anciens nazis?
La BBC raconte qu’en 1985, Brian Mulroney, alors Premier ministre du Canada, a créé la commission d’enquête sur les criminels de guerre après qu’un député ait affirmé que le médecin nazi Josef Mengele pourrait se trouver dans le pays.
Quelque 600 anciens soldats allemands ont alors cherché à rejoindre le pays. Parmi eux, des membres de la division Galice qui ont fait l’objet d’un contrôle individuel pour des raisons de sécurité. « Les accusations de crimes de guerre de la division Galice n’ont jamais été étayées, ni en 1950, lorsqu’elles ont été déposées pour la première fois, ni en 1984, lorsqu’elles ont été renouvelées, ni devant cette commission », avait déclaré Jules Deschênes, le président de la commission d’enquête.
Pourtant, suite à cet hommage controversé – et involontaire à en croire le président de la Chambres des communes qui a l’a regretté au vu « des nouveaux renseignements » portés à sa connaissance – le Centre des Amis du Centre d’études sur l’Holocauste Simon Wiesenthal a réaffirmé que la division « était responsable du massacre de civils innocents avec un niveau de brutalité et de méchanceté inimaginable ».