TERRORISME – Il était présenté comme le « recruteur en chef » d’aspirants jihadistes pour une filière d’Al-Qaïda en Syrie. Omar Omsen, 40 ans, aurait perdu la vie dans la nuit du vendredi 7 au samedi 8 août, rapportent plusieurs journalistes spécialisés. Ils citent notamment des proches de celui qui était le chef d’une Katiba baptisée « Firkatul Ghuraba’, établie à quelques kilomètres de la frontière turco-syrienne.
De son vrai nom Omar Diaby, celui qui était considéré comme « l’une des principales figures du jihadisme français », responsable d’une centaine de départs de jeunes vers la Syrie, « n’a pas survécu à ses blessures », a indiqué sur Twitter le très informé David Thomson, journaliste pour RFI et auteur de l’ouvrage Les Français jihadistes (éd. Les Arènes).
Selon La Provence, un membre de la famille de Diaby, résidant toujours à Nice a aussi confirmé le décès sur Facebook.
D’une cité niçoise à la prison
Omar Diaby n’est pas né sur le sol français. Il a sept ans quand ses parents quittent le Sénégal pour s’installer en France, dans la quartier de l’Ariane, une cité niçoise réputée « sensible ». Cité par France Info, l’un des camarades de l’époque décrit un profil de meneur: « On avait envie de le suivre ».
Comme de nombreux jihadistes ayant grandi dans l’Hexagone, Omar Diaby fait un tour par la case prison. Dans les années 1990, le jeune homme se retrouve écroué pour tentative de meurtre. Cinq ans de réclusion. À sa sortie de prison, ce dernier flirte avec le grand banditisme et est impliqué dans plusieurs braquages dans les années 2002-2003.
Après un court séjour à l’ombre, « il prêche dans les cités niçoises sous le nouveau nom de « frère Omsen » et se lance dès 2005 dans la production de vidéos islamistes », explique L’Obs, qui a interviewé l’intéressé au mois de mars 2014. Omar Diaby devient ainsi l’un des pionniers du « Jihad 2.0 » en France.
La production de vidéos de propagande
Omar Omsen a trouvé avec Internet un formidable porte-voix pour enrôler les jeunes via des « prêches ». Le contenu de ces vidéos ? Des messages anti-occidentaux prônant la « hijra » (l’immigration définitive vers un pays « sain ») que le prédicateur façonne pour les jeunes désœuvrés, en rupture avec le milieu scolaire et avec la société en général.
Le compteur YouTube de sa chaîne affiche en effet près de 800.000 visionnages. Preuve de l’efficacité de sa propagande, Omar Omsen vivait en Syrie entouré de ses recrues. « Une centaine », estiment les spécialistes, dont le contingent le plus important est originaire de Nice. Aussi, le prédicateur a réussi à faire venir des mineurs, dont des jeunes filles.
Le jihad en Syrie
En 2013, Omar Omsen rejoint la Syrie. Il y deviendra l’émir de la Katiba (brigade) « Firkatul Ghuraba » et va rapatrier une partie de sa famille sur place. Alors que le jihad en Syrie est trusté par le groupe État islamique, le jihadiste niçois préfère s’investir du côté d’al-Qaida. La raison: « les gens de l’EI sont en fait des jeunes ignorants sans formation religieuse sérieuse. Et puis ce sont d’anciens voyous dont le comportement déviant ressort dès qu’on leur met des armes entre les mains », expliquait sans ciller l’ancien braqueur, cité par L’Obs.
Au sein de sa brigade, les aspirants jihadistes suivent une formation militaire en vue d’aller combattre les armées de Bachar al-Assad. Ci-dessous, le reportage d’une journaliste de RMC détaillant les conditions de vie dans la katiba.
En marge d’une reconnaissance avant une attaque programmée contre les troupes syriennes, Omar Omsen aurait été frappé au torse par des balles et/ou des éclats d’obus.
C’est un autre français qui devient émir à la place de l’émir. Selon David Thomson, il s’agirait d’Abu Waqqas, originaire pour sa part de Savoie. Citée par France Info, la sociologue Donia Bouzar explique qu’un tiers des 350 cas d’endoctrinement sur lesquels elle a travaillé a été influencé par les vidéos d’Omar Omsen.