Paris, 11 mai 2015 (AFP) – L’essayiste d’extrême droite Alain Soral a-t-il
cherché à porter atteinte à la mémoire de déportés en se laissant
photographier au Mémorial de l’Holocauste à Berlin en train de faire le geste
de la « quenelle »? Le tribunal correctionnel de Paris se prononce mardi.
Fin 2013, la photo d’Alain Soral faisant ce geste controversé dans les
allées de la fondation commémorative des juifs assassinés en Europe avait
commencé à circuler sur plusieurs sites internet.
Alertées, l’Union des étudiants juifs de France (UEJF) et l’association
J’accuse ont saisi le tribunal correctionnel sur citation directe afin
qu’Alain Soral y comparaisse pour injures publiques à caractère racial.
A l’audience, le 12 mars, le quinquagénaire soutenu par un public nombreux
a soutenu que cette photo n’était pas destinée à circuler « au-delà d’un cercle
d’amis ».
Si elle a été plus largement diffusée sur internet c’est, selon lui, le
fait d’un pirate informatique qui l’a récupérée pour la transmettre au site
d’opinion israélien en français JSS News.
Quant au geste, créé par le polémiste Dieudonné, il a soutenu l’avoir
d’abord fait en signe de ralliement au « fist-fucking », car le Mémorial serait
selon lui un lieu de rendez-vous homosexuel.
Au-delà de cette interprétation « privée », une interprétation « publique » de
cette « quenelle » est également possible, toujours selon lui: celle d' »un geste
d’insoumission envers les manipulateurs sionistes de la Shoah ».
Il ne s’agissait pas selon lui de s’en prendre à la mémoire des victimes
juives du nazisme.
« J’aurais été désolé de faire de la peine à des gens qui ont souffert dans
leur chair », a-t-il expliqué, appelant à faire le distinguo entre antisionisme
et antisémitisme.
Trois anciens déportés, cités par l’une des parties civiles, l’association
Mémoire 2000, et présents à l’audience, lui ont opposé leur indignation.
« Je n’aurais jamais pensé (que) quelqu’un dans ce lieu puisse faire autre
chose que de penser, de se recueillir », a notamment dit d’une voix forte
Isabelle Choko (86 ans), déportée au camp d’Auschwitz-Birkenau.
« Il y a un moment où il faut s’extraire de ce geste et se pencher sur le
propos habituel de son auteur », a estimé, toujours à l’audience, le procureur,
Annabelle Philippe, rappelant qu’Alain Soral avait été condamné à deux
reprises pour des propos visant la communauté juive.
La magistrate a suggéré au tribunal de condamner Alain Soral, mais n’a pas
évoqué de peine.
Les associations parties civiles lui réclament un peu moins de 250.000
euros de dommages et intérêts au total.
tu/mra/it
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