JERUSALEM, 21 oct 2013 (AFP) – Le président israélien Shimon Peres,
considéré comme le « père » du programme nucléaire israélien, a justifié lundi
la politique « d’ambiguïté » adoptée dans ce dossier par son pays lors d’une
interview à la chaîne de télévision France 24.
Par ailleurs, à propos du programme nucléaire iranien, M. Peres, qui ne
dispose que de pouvoirs symboliques, a adopté un ton plus nuancé que le
Premier ministre Benjamin Netanyahu, relevant un « changement » depuis l’arrivée
au pouvoir du président Hassan Rohani, qualifié par M. Netanyahu de « loup
déguisé en mouton ».
« C’est une chance, mais rien n’est décidé pour le moment. Il y apparemment
des divergences à l’intérieur de l’Iran (sur le programme nucléaire), mais je
ne sais pas qui va l’emporter », a poursuivi le président.
Sur l’ambiguïté adoptée par Israël au sujet de sa capacité nucléaire
militaire, M. Peres a expliqué que cela dépendait « de la raison pour laquelle
vous voulez l’arme nucléaire ».
« Pour moi, une option nucléaire constituait un instrument pour parvenir à
la paix et non pas pour attaquer », a affirmé M. Peres, considéré comme le
principal artisan du programme nucléaire israélien, lancé en très étroite
coopération avec la France à la fin des années 1950.
« Cela constitue une dissuasion, qui n’a rien à voir avec la réalité de
savoir si nous l’avons ou pas (l’arme nucléaire, NDLR). L’imagination joue
dans ce cas un rôle extrêmement important pour renforcer la dissuasion. Alors
c’est ambigu, oui, et pourquoi devrais-je clarifier ? », a ajouté le chef de
l’Etat.
Selon des experts étrangers, Israël dispose d’au moins une centaine
d’ogives nucléaires. Mais l’Etat hébreu, qui n’est pas signataire du Traité de
non-prolifération (TNP), n’a jamais confirmé ni démenti cette capacité.
Depuis plus de 40 ans, les différents gouvernements israéliens affirment
que leur pays ne sera pas le « premier à introduire l’armement nucléaire au
Moyen-Orient ».
Selon les experts étrangers, Israël a conclu une « entente » en 1969 avec les
Etats-Unis aux termes de laquelle il s’abstient de toute déclaration publique
sur son potentiel nucléaire et de tout test nucléaire. En échange, Washington
s’est engagé à ne pas exercer de pressions sur ce dossier.
Tout le programme est en outre couvert par la censure militaire, que les
médias israéliens contournent en se retranchant derrière l’avis d' »experts
étrangers ».
Aucun dirigeant israélien n’a jusqu’à présent brisé le tabou en
reconnaissant l’existence d’un arsenal nucléaire, bien que ces dernières
années soient devenues de plus en plus transparentes, notamment de la part de
Shimon Peres.
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