Patrick Calvar, le patron du renseignement intérieur en France, est «persuadé» que Daech va faire évoluer son mode opératoire en France pour éviter «d’aller à l’assaut avec la mort à la clef». Il craint notamment que l’organisation terroriste passe «au stade des véhicules piégés et des engins explosifs».
Les terroristes de Daech qui ont endeuillé le pays en mitraillant les terrasses et le Bataclan, puis en menant des attaques kamikazes au Stade de France en novembre dernier pourraient encore intensifier leurs frappes en changeant de méthode.
Cette sombre hypothèse est celle de Patrick Calvar, directeur général de la sécurité intérieure (DGSI). Dans une audition menée à huis clos le 24 mai dernier à l’Assemblée nationale par la commission d’enquête relative aux moyens mis en œuvre par l’État pour lutter contre le terrorisme depuis le 7 janvier 2015, ce professionnel incontesté l’assure:
«Je suis persuadé qu’ils passeront au stade des véhicules piégés et des engins explosifs, et ainsi qu’ils monteront en puissance». «Ils vont finir par projeter des commandos dont la mission consistera à organiser des campagnes terroristes sans nécessairement aller à l’assaut avec la mort à la clef.» «Pour cela, il leur faut des artificiers et organiser toute une logistique, c’est-à-dire s’installer sur notre territoire, acquérir tous les produits», poursuit Patrick Calvar.
«Dès qu’ils auront projeté sur notre territoire des artificiers, [les terroristes] pourront éviter de sacrifier leurs combattants tout en créant le maximum de dégâts» Patrick Calvar, directeur général de la DGSI
Celui qui se «consacre à l’antiterrorisme depuis 1993» enfonce le clou:
«Nous savons très bien qu’ils vont recourir à ces modes opératoires: ils ont bien vu les effets provoqués par une opération massive. Ce qui s’est passé en Belgique résulte du fait que, coincés, ils ne pouvaient plus s’engager dans des actions multiples. Mais, une fois encore, dès qu’ils auront projeté sur notre territoire des artificiers, ils pourront éviter de sacrifier leurs combattants tout en créant le maximum de dégâts.»
Sur le front de la lutte antiterroriste, qui mobilise désormais plus de deux tiers des capacités de la DGSI, Patrick Calvar maintient que «la menace la plus forte est représentée par des gens qui ont combattu, qui ont été entraînés en Syrie et en Irak, à l’exemple de ceux qui ont attaqué le Bataclan (..)». Selon lui, «ce sont ceux-là qui mèneront les actions terroristes d’ampleur». «Ils sont au nombre de 400 à 500», estime le patron du renseignement français.