RAMALLAH, Cisjordanie (Reuters) – Les dirigeants palestiniens ont fait savoir mardi que le Royaume-Uni avait rejeté leur demande d’excuses pour la déclaration Balfour de 1917, qui a contribué à la création de l’Etat d’Israël, et ont annoncé leur intention d’aller en justice.
Dans un discours à l’Assemblée générale des Nations unies en septembre dernier, le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas avait demandé que des excuses soient présentées pour cette déclaration, qui est en fait une lettre du secrétaire au Foreign Office de l’époque, Arthur Balfour, datée du 2 novembre 1917.
Mais la Première ministre britannique Theresa May a prévu d’organiser une commémoration du centenaire de la déclaration. Elle a invité son homologue israélien Benjamin Netanyahu à participer à l’événement en novembre prochain. D’autres commémorations sont prévues en Israël dans le courant de l’année.
« La réponse est arrivée dans une lettre écrite au ministère (palestinien) des Affaires étrangères disant que les excuses étaient refusées », a déclaré à la station de radio la Voix de la Palestine Manuel Hassassian, le diplomate représentant l’Autorité palestinienne au Royaume-Uni.
« Cela veut dire que la reine et le gouvernement britannique ne présenteront pas leurs excuses au peuple palestinien et que la commémoration des 100 ans de la promesse Balfour se tiendra à la date convenue », a-t-il ajouté.
Un porte-parole du Foreign Office a confirmé qu’il n’y aurait pas d’excuses et a qualifié la déclaration Balfour de « déclaration historique ».
Le Royaume-Uni continue toutefois à soutenir un accord de paix israélo-palestinien qui comprendrait une solution à deux Etats, avec un Etat palestinien « souverain et viable » aux côtés de l’Etat d’Israël, a-t-il dit.
Dans sa déclaration, le 2 novembre 1917, le secrétaire au Foreign Office Lord Balfour écrivait à Lord Lionel Walter Rothschild (1868-1937), un haut représentant de la communauté juive britannique, alors que la Palestine était sous mandat britannique :
« Le gouvernement de Sa Majesté envisage favorablement l’établissement en Palestine d’un foyer national pour le peuple juif, et emploiera tous ses efforts pour faciliter la réalisation de cet objectif, étant clairement entendu que rien ne sera fait qui puisse porter atteinte ni aux droits civils et religieux des collectivités non juives existant en Palestine, ni aux droits et au statut politique dont les Juifs jouissent dans tout autre pays. »
Les Palestiniens ont longtemps condamné ce document comme étant une promesse du Royaume-Uni de remettre des terres qu’il ne possédait pas.
Manuel Hassassian a expliqué que si le Royaume-Uni ne présentait pas ses excuses, n’annulait pas les célébrations prévues et ne reconnaissait pas l’Etat de Palestine, les Palestiniens mettraient à exécution leur intention d’intenter une action en justice.
« C’est la seule condition à laquelle nous pouvons clore ce dossier de façon définitive », a-t-il dit.
Israël a déclaré son indépendance en 1948, à la fin du mandat britannique et après le vote par les Nations unies d’un plan de partage de la Palestine, rejeté par les représentants palestiniens, qui partageait la région entre un Etat arabe et un Etat juif.
Le dernier cycle de négociations de paix entre Israéliens et Palestiniens a pris fin en 2014.
(Nidal Almoughrabi; Danielle Rouquié pour le service français)