« Ces gens-là n’ont soif que d’une eau puisée à une même fontaine, souvent croupie, et ils vendraient leur âme et leur chair pour en boire quelques gouttes. » Balzac
Le peuple juif en Israël ou dans la diaspora se sent étouffer. L’isolement que confère l’antisémitisme qui n’est pas « in », ou l’antisionisme, qui, lui, est tendance, n’est pas étranger à ce sentiment d’étouffement. Parce qu’il sait que la terre d’Israël est l’espoir extrême, mais un ultime espoir qu’il ne veut pas atteindre dans l’immédiat. Quand des individus, qui n’ont aucune idée de ce que représente cet espoir (ils n’en ont plus aucun), effleurent l’idée, le concept, la fleur du Judaïsme, ils ne font qu’éthériser leur propre structure mentale.
Les Juifs, malgré cette réceptivité instinctive du mal, méprisent les avertissements, probablement par confort moral et matériel. Ils ont raison quant ils objectent que le monde n’est pas mauvais. Non il n’est pas mauvais, il s’en moque. Non seulement il s’en moque, mais présente une écoute complaisante. Aujourd’hui, le monde juif n’a pas le luxe temporel de faire dans la dentelle et les nuances expectatives, il doit sauver sa peau. Et ce sentiment de la gestion de l’urgence n’est pas partagé. Tout est affectation, le peuple le sait, mais il ne mesure pas l’ampleur du danger. Il vaque, jouit, voyage, passe ses orteils aux photons ultraviolets, et s’imagine que la courbe de la vie va le protéger, sans penser que le temps n’est pas cyclique mais linéaire. Loin de moi l’idée de m’adonner à la dramatisation, ni au catastrophisme, mais les faits sont là et ne peuvent mentir.
Donc on oublie pour un temps le BDS, Orange, la FIFA, Breaking The Silence, les pleurnichards du Fatah et ses imprécations terroristes, la rue Arafat à la Seyne-sur-mer, le bluff palestinien, la haine sanglante du Hamas, les achèvements antisémites des musulmans qui implorent Allah d’exterminer les Juifs, les appels au génocide de tous, ayatollahs iraniens, Daesh, Boko Haram, Al-Qaïda, Al-Nusra et Hezbollah, dont la finalité n’est pas de vivre en paix avec le monde, et encore moins avec eux-mêmes (ou entre eux), mais de côtoyer la puanteur de la mort. Drôle d’engeance qui ne vit que dans l’amour de la mort.
Donc on oublie les peurs du gouvernement qui croit si peu en Dieu, en tout cas pas assez, et qui se croit obligé de se contorsionner les méninges dans des représentations diplomatiques temporaires pour épargner quoi, leur pouvoir précaire, un désordre malfaisant qui s’installe et qu’il feint de ne pas voir ? L’armement sophistiqué d’Israël est là pour protéger le peuple juif par pour protéger un patrimoine qui fait baver les inconditionnels de la brillance vénale. Quand la police israélienne empêche des Juifs de boire à la fontaine du Mont du temple de crainte qu’il ne fasse une prière avant de boire, une Brahadestinée au Maître du monde – existe-t-il une pensée plus inoffensive et plus pure – à quelle représentation de couards jouent nos dirigeants ?
Tout le monde montre sa peur, la gauche israélienne qui a peur de perdre ses acquis et qui bave sur les séfarades, la droite israélienne qui a peur de provoquer les arabes et qui joue un jeu stratégique dangereux, ne montrant aucune morale politique, les orthodoxes de toutes tendances qui attendent et refusent qu’on touche à leurs privilèges. Seuls les sionistes authentiques semblent vouloir défendre une logique spirituelle qui est une mémoire vivante. Il n’est pas important de savoir de quel bord politique ils sont, ils viennent de partout, ne ressemblent à rien, et l’amour d’Israël et du peuple juif est leur seul critère. C’est pour cela qu’ils n’ont pas peur. Ils ne jouent pas à cache-cache avec l’objectif final, ne tournent pas autour de lui comme une mouche autour d’un pot de miel, ils ne font que peu de compromis avec leur foi pour ménager quelques âmes sensibles ou quelques incultes.
J’ai même entendu un ignare, quelqu’un d’important, plutôt érudit mais très bête, affirmer à des millions de Juifs que nous faisions tout pour nous isoler du monde. C’est sûr qu’il croit à un ordre intellectuel qui est la substance cérébrale d’un corps étranger. Je ne sais pas si je me suis bien fait comprendre. Bien que je sois ignorant des Écritures pour affirmer que les pièces du puzzle se mettent en place, il me semble que le Grand Ordonnateur nous avertit et nous sommes sourds à ses bruissements de Schofar. Mais il est vrai qu’il ne faut surtout pas que la chose s’ébruite, pour ne pas réveiller je ne sais quel imprécateur jaloux et implacable. Par contre, ceux qui l’ont imprimée dans les pores de leur mémoire, ils doivent se méfier de ne plus jamais boire de cette eau croupie. Ils doivent juste proclamer que le peuple juif est un, et qu’il comprend, oui, qu’il comprend. Même si son entendement se situe à un niveau de savoir inatteignable qu’il tait, pour l’instant…