WASHINGTON (District of Columbia), 30 juil 2013 (AFP) – Le président
américain Barack Obama recevait mardi matin les négociateurs israéliens et
palestiniens, au deuxième jour de la reprise de leur dialogue direct que la
partie israélienne a jugée « positive ».
L’entrevue entre M. Obama, la ministre israélienne de la Justice Tzipi
Livni et le négociateur en chef palestinien Saëb Erakat a débuté vers 10H00
(14H00 GMT) à la Maison Blanche, selon un responsable de la présidence, et ne
figurait pas au programme officiel du président des Etats-Unis.
Un entretien trilatéral entre Israéliens, Palestiniens et le secrétaire
d’Etat John Kerry, l’artisan de cette reprise des contacts directs, était
programmé dans la matinée suivi d’une déclaration à la presse.
Après trois ans de gel, des pourparlers directs israélo-palestiniens ont
repris symboliquement lundi soir à Washington autour du repas de rupture du
jeûne du ramadan, l’iftar, sous l’égide de M. Kerry. Les Etats-Unis ont
exhorté les deux parties à négocier de « bonne foi » afin de trouver un
« compromis raisonnable ». Les deux camps sont d’accord pour discuter pendant
« au moins neuf mois », selon le département d’Etat, qui s’est refusé à parler
de « date-butoir ».
Tous se sont en tout cas entendus pour rester discrets sur le contenu des
discussions.
Mme Livni s’est contentée de dire à la radio publique israélienne qu’elles
se déroulaient dans une « atmosphère positive ».
« Tous les sujets sont sur la table, mais nous avons décidé que ce qui est
dit dans la salle des discussions ne sorte pas à l’extérieur », a ajouté la
ministre israélienne.
Tard lundi soir, un responsable américain avait lui aussi qualifié le dîner
de « constructif et productif », dans un « bon état d’esprit », mais sans en dire
davantage.
De fait, l’amorce de ce processus de paix reste extrêmement fragile.
Des « choix difficiles » à venir
La ministre de la Justice n’a pas caché une nouvelle fois l’existence de
profondes divergences au sein du gouvernement israélien. « Il y a des ministres
qui ne veulent pas arriver à un accord ni entendre parler de l’idée de deux
Etats, d’autres ministres qui sont indifférents mais espèrent qu’il n’en
sortira rien, et d’autres membres du gouvernement qui veulent parvenir à la
fin du conflit », a expliqué Mme Livni.
Elle faisait allusion aux ministres de l’aile dure du Likoud, le parti du
Premier ministre Benjamin Netanyahu, et du Foyer juif, un parti nationaliste,
qui sont hostiles à la création d’un Etat palestinien. Mme Livni visait aussi
le parti de centre droit Yesh Atid de Yaïr Lapid, le ministre des Finances,
qui jusqu’à présent ne considère pas le processus de paix comme une priorité.
Le vice-ministre des Affaires étrangères Zeev Elkin, un des « durs » du
Likoud, a pour sa part affirmé à la radio publique qu’il avait « une divergence
de principe » avec Mme Livni. « Tout changement (à la suite d’un accord, ndlr)
n’est pas forcément positif pour la sécurité d’Israël, parfois cela ne fait
qu’empirer la situation ». M. Elkin a également affirmé que les « Palestiniens
ne sont pas prêts à faire la moindre concession » pour parvenir à un accord.
Après plus de six décennies d’un conflit historique et de multiples échecs
de relance du processus de paix, le président Obama avait salué dès lundi
matin un moment « prometteur » pour le Proche-Orient, tout en avertissant Israël
et les Palestiniens qu’ils devront faire des « choix difficiles » et « travailler
dur ».
Le président des Etats-Unis avait fait du règlement du conflit
israélo-palestinien une des priorités de son premier mandat en janvier 2009,
avant d’échouer: les dernières négociations de paix directes avaient capoté en
septembre 2010, au bout de trois semaines, en raison de la poursuite de la
colonisation israélienne à Jérusalem-Est et en Cisjordanie.
Pour superviser ces nouvelles discussions, John Kerry a nommé comme
émissaire spécial un ancien ambassadeur en Israël, le très respecté Martin
Indyk, 62 ans, lequel s’est dit « convaincu depuis 40 ans que la paix était
possible ».