NAZARETH (Israël), 22 oct 2013 (AFP) – Doublement marginalisées dans la
société israélienne, les femmes de la minorité arabe espèrent se faire
entendre à la faveur des élections municipales de mardi.
« Ma candidature à la mairie envoie un message important disant que les
femmes palestiniennes se lancent dans la politique locale et se placent sur la
carte politique », proclame à l’AFP la députée Hanine Zouabi (Balad, gauche
nationaliste arabe), 44 ans, pasionaria de sa communauté et candidate à
Nazareth, plus grande ville arabe d’Israël, qui compte quelque 65% de
musulmans et 35% de chrétiens.
Ancienne enseignante en mathématiques, elle est la seule femme à se
présenter au poste de maire dans une ville arabe en Israël, mais les sondages
lui donnent peu de chances face au maire, en place depuis 20 ans, qui devrait
se maintenir, comme d’ailleurs la plupart des sortants de ce scrutin.
Hanine Zouabi s’est illustrée en refusant de reconnaître Israël comme « Etat
du peuple juif » et en participant à une flottille pro-palestinienne qui
tentait de briser le blocus de la bande de Gaza en mai 2010.
En décembre, la Commission électorale centrale lui avait interdit pour ces
motifs de se présenter aux législatives de janvier 2013, une décision cassée
par la Cour suprême.
La communauté des Arabes israéliens, descendants des 160.000 Palestiniens
restés sur leur terre après la création d’Israël en 1948, compte aujourd’hui
plus d’1,4 million de personnes, soit 20% de la population totale. Elle
souffre de discriminations, notamment en matière d’emploi et de logement.
A Sakhnine, autre importante ville arabe, plus au nord, s’affichent les
portraits d’une autre femme, Samar Abou Younès, une avocate de 40 ans, tête de
liste du parti communiste judéo-arabe Hadash.
« Malheureusement, les femmes ne figuraient pas très haut sur les listes de
Hadash jusqu’à présent, mais maintenant je suis optimiste », affirme à l’AFP
cette mère de quatre enfants, dont la place lui garantit d’être élue au
conseil municipal.
Sur 19.944 candidats au poste de conseiller municipal, 173 sont des femmes
arabes, contre 149 aux dernières municipales il y a cinq ans. Surtout, elles
figurent désormais plus haut dans les listes électorales, ce qui pourrait leur
permettre de passer de 6 élues en 2008 à 15, selon les projections d’un
collectif d’organisations de femmes arabes.
« Cinq associations ont constitué une coalition pour soutenir les femmes aux
élections et convaincre les partis de les mettre plus haut sur leurs listes »,
explique Aïda Touma, candidate malheureuse aux législatives de 2009 avec
Hadash. « Nous avons formé les candidates à parler en public, travailler sous
pression et se présenter en public ».
Mais la représentation des femmes dans les conseils municipaux n’est guère
meilleure en Israël en général. A l’ouverture du scrutin, le pays ne comptait
que cinq maires femmes, sur 191 municipalités.
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