JERUSALEM, 07 oct 2013 (AFP) – Une foule compacte de plus de 700.000
personnes, du jamais vu pour des funérailles en Israël, a accompagné à sa
dernière demeure lundi soir à Jérusalem le rabbin sépharade Ovadia Yossef, le
plus influent dirigeant religieux du pays.
« Nous estimons qu’il y a plus de 700.000 personnes », du jamais vu en
Israël, a annoncé le porte-parole de la police israélienne Micky Rosenfeld sur
son compte Twitter.
« Nous sommes tous orphelins », déclare au micro le rabbin Avraham Yossef,
fils du défunt, laissant éclater ses sanglots.
La foule compacte, en grande partie composée de juifs orientaux, fidèles
d’Ovadia Yossef, écoute religieusement les éloges funèbres se succédant.
« Je pleure depuis que j’ai appris la nouvelle », confie Aviel Mor, 24 ans,
étudiant dans une yeshiva (séminaire talmudique), qui a déchiré sa chemise
comme des centaines d’hommes ainsi que l’exige la tradition juive quand on
apprend la mort d’un proche.
« Le peuple juif a perdu son dirigeant », estime-t-il.
Des prières sont récitées au micro et reprises en coeur par la foule qui
répète les paroles avec ferveur.
Alors que les rues de la Ville sainte sont bloquées par 4.000 policiers,
des milliers de personnes font à pied le chemin vers la yeshiva « Porat
Yossef », l’école talmudique où le rabbin Ovadia a étudié dans sa jeunesse, qui
accueille sa dépouille avant qu’elle ne soit inhumée dans le petit cimetière
de Sanhedria, un quartier religieux de Jérusalem.
« Qui va nous guider ? »
« Il était le rabbin de tout le peuple juif, pas seulement celui d’un
secteur de la population », affirme le grand rabbin de Tel Aviv, Israël Meir
Lau.
« Quelle personnalité au monde attirerait tant de gens pour ses obsèques ? »
lance-t-il à la foule.
« Nous vivons un moment historique d’unité du peuple juif », se félicite
Moshé, pour qui le fait que « des centaines de milliers de juifs de tous les
milieux se rassemblent en l’honneur de la Torah (la Loi juive, NDLR) est un
événement unique ».
Dans le lent cortège funèbre, on peut distinguer des hommes
ultra-orthodoxes tout vêtus de noir, mais aussi des femmes, nombreuses, des
laïcs, des sionistes religieux la tête recouverte de kippas tricotées et aussi
de soldats en uniforme.
« Religieux ou pas, nous avons tous perdu un père », assure Eliel Haouzi,
militaire et père de deux enfants, venu « rendre hommage à la plus haute
sommité du peuple juif ».
Quelque 150 personnes, prises de malaises, ont dû être traitées sur place à
la suite de bousculades en accompagnant la dépouille du rabbin jusqu’au
cimetière, a précisé la Magen David Adom, les services ambulanciers israéliens.
Prononçant son éloge funèbre, Aryé Deri, le dirigeant du parti
ultra-orthodoxe Shass, fondé par le rabbin Ovadia Yossef, promet à ce dernier
de « continuer son oeuvre » en dépit des vives tensions avec la coalition au
pouvoir de Benjamin Netanyahu.
« Tu nous laisses dans la période la plus difficile pour le monde religieux
et nous ne savons plus vers qui nous tourner. Qui va nous guider ? Qui va nous
montrer le chemin? », déclare-t-il en pleurant à chaudes larmes.
Le rabbin Ovadia Yossef, qui a marqué l’histoire politique et religieuse
d’Israël depuis plus de 50 ans, devait être inhumé dans la nuit.
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