Les ministres des affaires étrangères européens, réunis lundi 22 avril à Luxembourg, devaient réviser leurs décisions concernant l’embargo sur les produits pétroliers syriens « afin d’aider la population civile ». Cette première adaptation des diverses sanctions européennes visant Damas concerne essentiellement des régions du nord et de l’est du pays, contrôlées par la rébellion et où se trouvent des installations pétrolières. Il s’agit, selon les Vingt-Sept, de contribuer à restaurer les services de base et l’activité économique, ainsi que de favoriser la reconstruction.
L’embargo sur le pétrole, décidé en 2011, a eu des résultats tangibles : il a entraîné une chute des exportations syriennes, passées de 5,5 milliards d’euros en 2011 à 141 millions en 2012. Les mesures de rétorsion à l’encontre du régime de Bachar Al-Assad n’ont toutefois pas affecté outre mesure ses responsables et son armée. Sans doute parce que le régime est parvenu à les contourner en autorisant désormais des sociétés privées à agir sur ce marché : elles font appel à des agents maritimes grecs et italiens qui livrent de l’essence et du gasoil. Ces produits aboutissent à la société d’Etat Mahrukat, pourtant visée, elle, par les sanctions.
WASHINGTON VA DOUBLER SON « ASSISTANCE NON LÉTALE »
L’allégement de l’embargo pétrolier prendra du temps et sera complexe à concrétiser. Au cours de la réunion de lundi, les ministres européens devaient également débattre d’une éventuelle levée de l’embargo sur les armes à destination de la Syrie. Londres et Paris, en pointe sur le sujet, sont confrontés aux réticences de beaucoup de leurs partenaires, accrochés à l’idée que seul un processus de transition politique peut être prôné. Pour Laurent Fabius et William Hague, ministres français et britannique des affaires étrangères, la livraison d’armes n’est pas tant « une option de rechange », mais bien « une condition » pour parvenir à une solution négociée.
Les Vingt-Sept devront se mettre d’accord avant la fin mai, le régime actuel de sanctions venant à échéance le 1er juin. Une majorité de pays s’inquiète toujours de voir les armes qui seraient livrées aux opposants aboutir entre les mains des groupes les plus radicaux, dont les islamistes du Front Al-Nosra.
DÉMISSION DU CHEF DE LA COALITION NATIONALE SYRIENNE
Londres et Paris objectent que plus on tardera à armer les modérés, plus la radicalisation gagnera du terrain. Après de longues hésitations, l’Allemagne a rallié cette thèse : le ministre des affaires étrangères allemand, Guido Westerwelle, a indiqué, dimanche 21 avril, que son pays était « prêt à considérer » une demande de levée de l’embargo sur les armes.
Washington a annoncé, le 20 avril, un doublement de son « assistance non létale » à la rébellion, lors d’une réunion du groupe des Amis de la Syrie, à Istanbul. L’aide américaine atteint désormais 250 millions de dollars et pourrait encore quadrupler, a promis le secrétaire d’Etat, John Kerry. Les Etats-Unis refusent toujours la livraison d’armements lourds.
Un élément qui, ajouté à d’autres, a entraîné, dimanche, la démission, semble-t-il définitive, de Moaz Al-Khatib, le chef de la Coalition nationale syrienne, qui avait déjà annoncé son retrait à la fin mars, avant de faire machine arrière. Il a déploré « l’inaction » de la communauté internationale.