Les gouvernements occidentaux ont réagi avec
tiédeur à la réélection du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, ne
semblant y voir un bon signe pour une reprise rapide du processus de paix avec
les Palestiniens.
L’Union européenne a félicité le Premier ministre israélien pour sa
victoire mercredi soir, tout en soulignant la nécessité de relancer la paix
entre Israéliens et Palestiniens, au point mort depuis près d’un an.
« L’UE
s’engage à travailler avec le nouveau gouvernement israélien à une relation
mutuellement bénéfique ainsi qu’à une relance du processus de paix », a écrit
la chef de la diplomatie de l’UE, Federica Mogherini, dans un communiqué.
Le Premier ministre britannique David Cameron a adopté une position
similaire, adressant ses félicitations au vainqueur sur le réseau social
Twitter tout en laissant son porte-parole souligner qu' »il souhaite voir la
paix, voir une solution à deux Etats », une perspective écartée avant le
scrutin par Benjamin Netanyahu.
Côté français, aucune réaction officielle n’était intervenue mercredi
après-midi.
« Il faut que les Etats-Unis et l’Europe imposent la paix. Il faut admettre
que les parties ne s’entendront pas et que la paix est impopulaire. Et que
donc elle sera imposée », estime Jean-Pierre Filiu, professeur à l’Institut des
Sciences politiques de Paris et auteur du livre « Histoire de Gaza ».
« Soit les Etats-Unis, l’Europe s’investissent, avec un plan, une volonté,
soit on s’achemine vers une nouvelle guerre de Gaza, peut-être même dans les
mois qui viennent », ajoute-t-il.
La politique ferme de Benjamin Netanyahu avait déjà gravement dégradé les
relations avec l’Occident. Ses relations avec le président américain Barack
Obama sont exécrables.
« La relation avec les Etats-Unis est plus mauvaise que jamais. Après avoir
présenté sa position de manière si abrupte, il sera difficile pour Netanyahu
de revenir en arrière et de prétendre qu’il ne s’agissait que d’une stratégie
de campagne », juge David Hartwell du magazine Middle East Insider, basé à
Londres.
– Composer avec Israël ? –
Pour certains experts cependant, l’Occident n’a d’autre choix que de
composer avec le futur gouvernement que va mettre en place le Premier ministre
israélien.
« L’alternative si vous ne travaillez pas avec moi, selon mes conditions,
c’est la violence et ce sera mauvais pour tout le monde – y compris à Londres
et Paris comme l’ont montré les manifestations de l’an dernier », va en
substance dire le dirigeant israélien à ses homologues occidentaux, prédit
Daniel Levy, spécialiste du Moyen-Orient au sein de l’organisme European
Council on Foreign Relations.
Nathan Thrall de l’International Crisis Group souligne aussi la nécessité
d’attendre les directions que prendra Benjamin Netanyahu une fois son
gouvernement formé. Son rejet d’un Etat palestinien « est survenu dans les
dernières 48 heures de sa campagne » et en privé, il aurait « accepté à de
nombreuses reprises de négocier avec les Palestiniens sur la base des
frontières de 1967 », note cet expert.
Ce n’est pas seulement le problème palestinien, mais aussi le refus absolu
de Benjamin Netanyahu de soutenir les négociations avec l’Iran sur son
programme nucléaire qui oppose Israël à ses partenaires internationaux.
« La question est de savoir s’il continuera sur sa lancée. Je pense qu’il
lèvera un peu le pied, il a déjà touché le fond en tentant de torpiller
l’accord iranien aux Etats-Unis », note Daniel Levy.
Le Premier ministre israélien maintient que la communauté internationale ne
peut pas faire confiance à l’Iran pour limiter ses ambitions nucléaires, et
que ce pays représente une menace existentielle pour Israël.
Le Premier ministre peut compter sur des soutiens solides parmi
l’opposition républicaine aux Etats-Unis, qui l’ont récemment invité au
Congrès et ont été les premiers à Washington à le féliciter pour sa victoire
électorale.
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