Baiji est tombée aux mains des rebelles, ainsi que Kirkouk et Salaheddine; 500.000 personnes ont fui Mossoul
Des djihadistes ont pris mardi le contrôle de deux secteurs de la province de Salaheddine, au nord de Bagdad, après s’être emparés plus tôt dans la journée de l’intégralité de celle de Ninive, dont la ville de Mossoul, deuxième plus grande du pays, et de quelques secteurs de Kirkouk, a indiqué un général de l’armée.
La ville de Baiji, au sud de Mossoul, proche des raffineries de pétrole, a également été prise par les insurgés.
500.000 ont dû fuir les combats à Mossoul, soit un quart de la population de la ville.
Des combattants du puissant groupe djihadiste de l’Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL) se sont emparés des régions de Siniyah et Souleimane-Bek, après le retrait des forces de sécurité, ont indiqué le général de l’armée et un responsable local.
Six secteurs de la province de Kirkouk ont en effet été assiégé tôt mardi par les djihadistes, où de violents combats ont fait rage mardi, selon la BBC.
Le chef du conseil du district de Hawija, Hussein al-Joubouri, a de son côté indiqué que des soldats auraient apparemment reçu l’ordre de partir, permettant aux insurgés de prendre possession des lieux et de hisser leurs drapeaux.
Plus tôt mardi, des groupes affiliés à l’Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL), s’étaient emparés de la deuxième ville du pays, Mossoul, et de sa province, Ninive.
Le Premier ministre irakien a demandé au Parlement de déclarer l’état d’urgence, après la fuite de près de 500.000 hors de la ville de Mossoul, mardi. « Des aires vitales » ont été prises, a déclaré Nouri al-Maliki, menacé par cette invasion djihadiste dans un pays en proie à l’instabilité politique. Les troupes ont cédé les villes aux mains des djihadistes de l’EIIL.
Le Premier ministre tente en vain depuis les élections d’avril de mettre en place un pouvoir stable, et d’évacuer la menace djihadiste de Mossoul.
En outre, selon un correspondant d’Al Arabiya, au moins 2.725 condamnés se sont échappés de la prison de Mossoul.
L’EIIL a revendiqué mardi les attaques menées contre les forces de sécurité dans la province de Ninive.
Sur son compte officiel Twitter relatif aux opérations à Ninive, l’EIIL a publié plusieurs dizaines de photos de véhicules militaires calcinés et de soldats qui auraient été exécutés, outre des images montrant le déploiement des insurgés à Mossoul, chef-lieu de cette province septentrionale et deuxième ville d’Irak.
Cette province pétrolière sunnite, une des régions les plus dangereuses d’Irak, est située un peu plus au nord de la province multi-communautaire de Kirkouk.
Fournir des armes aux citoyens
Le gouvernement irakien fournira des armes à tous les citoyens qui se porteraient volontaires pour combattre les insurgés, a annoncé mardi le Premier ministre irakien dans un communiqué.
Le gouvernement a « créé une cellule de crise pour superviser le (…) volontariat et (…) l’armement » des citoyens volontaires, précise le texte reproduit par la télévision d’Etat.
Valse de condamnation, mais « surtout pas de guerre »
L’EIIL représente une menace pour la stabilité de l’Irak, mais aussi pour celle de toute la région, a déclaré la porte-parole du département d’Etat, Jennifer Psaki, dans un communiqué.
Washington, a-t-elle dit, soutient une réponse forte pour repousser cette agression.
Les Etats-Unis se tiennent aux côtés du peuple irakien, des peuples de Ninive et d’Al-Anbar qui font face à cette menace, a ajouté Jennifer Psaki.
Nous continuerons à travailler étroitement avec les responsables politiques et sécuritaires dans une approche globale afin de réduire les capacités de l’EIIL d’agir en Irak, a-t-elle encore dit.
Le Pentagone a de son côté affirmé surveiller de près l’évolution de la situation, tout en écartant toute action militaire américaine.
Nous sommes en contact avec les dirigeants irakiens mais au bout du compte, c’est au gouvernement et aux forces irakiennes de faire face à cette situation, a déclaré le porte-parole du Pentagone, le contre-amiral John Kirby.
Le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon est « profondément inquiet » de la prise par des jihadistes de Mossoul, la deuxième ville d’Irak, et a appelé les dirigeants irakiens à faire preuve d’unité, a indiqué son porte-parole mardi.
M. Ban est « profondément inquiet de la grave détérioration de la situation sécuritaire à Mossoul, où des milliers de civils ont été déplacés », a déclaré Stéphane Dujarric.
Un arsenal fourni par les USA
L’EIIL est aussi fortement présent en Syrie, où il se bat contre les troupes de Bachar al-Assad. Il aspire à créer un Etat islamique entre l’Irak et la Syrie.
Face à la résurgence djihadiste, le porte-parole du Pentagone a rappelé que l’armée américaine, malgré le retrait d’Irak fin 2011, continuait de former les forces irakiennes à des missions antiterroristes, notamment en Jordanie depuis le début de l’année.
Elle a également vendu pour 14 milliards de dollars d’équipements militaires à l’armée irakienne, a ajouté le contre-amiral Kirby.
En janvier, Washington a vendu 24 hélicoptères d’attaque Apache à Bagdad ainsi que des centaines de missiles antichar Hellfire et les deux premiers des 36 chasseurs-bombardiers F-16 achetés par l’Irak devraient être livrés à l’automne, selon lui.
Le 13 mai, le Pentagone a encore notifié le Congrès du projet de vente à l’Irak de 200 véhicules Humvees équipés de mitrailleuses pour 101 millions de dollars et de 24 avions à hélice d’attaque au sol AT-6 Texan II pour 790 millions de dollars. Le Congrès a jusqu’au 13 juin pour soulever d’éventuelles objections à ce projet, faute de quoi le contrat sera conclu.
(Avec AFP)