Les corps de quelque 170 migrants africains, dont l’embarcation a chaviré, ont été retrouvés
Les Emirats arabes unis ont mené secrètement et avec l’appui de l’Egypte des frappes aériennes contre des milices islamistes en Libye, des « interférences extérieures » dénoncées lundi par les pays occidentaux dans un communiqué commun.
Washington, Paris, Londres, Berlin et Rome ont condamné les « interférences extérieures en Libye qui exacerbent les divisions », ainsi que « l’escalade des combats et des violences » dans ce pays en plein chaos semé par des groupes islamistes.
Selon le New York Times, qui a révélé l’information, les premières frappes ont eu lieu il y a une semaine à Tripoli contre des positions tenues par les milices et un dépôt d’armes, faisant six personnes sont mortes dans ces raids.
Une deuxième série de frappes a eu lieu au sud de la capitale libyenne tôt samedi et a visé des lance-roquettes, des véhicules militaires et un entrepôt. Les Emirats ont utilisé leurs appareils et leurs équipages et l’Egypte a prêté des bases aériennes, selon le journal.
« Les Emirats arabes unis ont mené ces raids », ont confirmé à l’AFP deux responsables américains à Washington, sans préciser si les Etats-Unis avaient été prévenus de ces opérations.
Les islamistes, qui dominent l’Assemblée libyenne sortante, accusent le gouvernement et le Parlement issus des élections de juin et siégeant à Tobrouk d’être complices de ces raids.
Réunie lundi à Tripoli, l’Assemblée a chargé lundi Omar al-Hassi, un pro-islamiste, de former un « gouvernement de salut national », considérant que les autorités de Tobrouk avaient « perdu toute légitimité ».
La situation dans le pays, en proie à l’anarchie depuis la chute de Mouammar Kadhafi en 2011, risque ainsi de devenir encore plus complexe: la Libye pourrait se voir doter de deux gouvernements concurrents, parallèlement à ses deux Parlements rivaux.
170 migrants retrouvés morts
Les corps de quelque 170 migrants africains dont l’embarcation a chaviré vendredi au large de la Libye ont été retrouvés, a indiqué lundi un agent des gardes-côtes libyens.
« Nous avons libéré une centaine de corps qui étaient bloqués dans la cale de l’embarcation en bois de 16 mètres qui a chaviré non loin de la côte », a déclaré à l’AFP cet agent Abdellatif Mohammed Ibrahim.
« Il semble que l’embarcation s’est soudainement retournée ne laissant aucune chance à ses occupants », a-t-il ajouté alors que des secouristes du Croissant-Rouge libyen s’affairaient à sortir les corps de l’eau.
Le lieu du drame se situe près de la localité d’Al-Qarabole, à 60 km à l’est de Tripoli. Selon lui, quelque 70 autres corps qui n’ont pas été piégés dans l’embarcation ont été rejetés par la mer, dont ceux de cinq enfants en bas âge.
Faute de papiers, les secouristes n’ont pu établir une liste des victimes et déterminer avec précision leurs nationalité.
Seize personnes avaient survécu au chavirement du bateau vendredi, avait alors indiqué M. Ibrahim en faisant état à ce moment-là de 15 corps retrouvés.
« Tout ce qu’on sait d’après les rares papiers retrouvés c’est que des Ethiopiens et des Eryhtréens figuraient parmi les victimes », a-t-il dit.
Les opérations de secours ont pris du temps en raison d’un « grand manque de moyens des gardes-côtes libyens », a poursuivi cet agent.
Profitant du relâchement de la surveillance des côtes de la Libye, pays plongé dans le chaos et où le gouvernement n’exerce qu’une autorité théorique, les passeurs se font nombreux pour proposer aux migrants la traversée de la Méditerranée, notamment en direction de l’Italie.
La Libye est un pays de transit vers les côtes européennes pour des centaines de milliers de migrants en grande majorité africains mais aussi venant des zones de conflit au Moyen-Orient.
Quelque 150 Syriens ont été arrêtés dimanche en Algérie alors qu’ils s’apprêtaient à se rendre illégalement en Libye d’où ils comptaient rejoindre l’Europe par la mer, selon un quotidien algérien.
Des centaines de migrants sont interceptés quotidiennement par les autorités italiennes.
Près de 80.000 auraient déjà accosté en Italie cette année et leur nombre devrait largement dépasser en 2014 le record de 63.000 établi en 2011, selon Rome.
L’étendue des frontières –plus de 5.000 km de frontières terrestres et environ 2.000 km de frontières maritimes– rend difficiles et coûteux les efforts des autorités libyennes en matière de sauvetage, d’hébergement et de rapatriement des clandestins, d’autant plus qu’elles ne sont déjà pas capables d’assurer la sécurité de leurs propres habitants.
(avec AFP)