Les cinq adolescents soupçonnés d’avoir
saccagé le cimetière juif de Sarre-Union (Bas-Rhin) devaient être présentés
mercredi à un juge en vue d’une éventuelle mise en examen, au lendemain d’un
vibrant hommage rendu sur place par François Hollande.
Ils seront « présentés devant le juge d’instruction aux fins d’une
éventuelle mise en examen en tout début d’après-midi », a précisé le parquet de
Saverne dans un communiqué.
Le procureur de Saverne, Philippe Vannier, devrait ensuite s’exprimer en
milieu d’après-midi sur l’affaire.
Cette profanation de très grande ampleur -quelque 250 tombes ont été
vandalisées dans ce bourg alsacien de 3.000 habitants- a suscité depuis sa
découverte dimanche une vive indignation.
Lundi, l’enquête avait connu une avancée spectaculaire avec
l’interpellation de ces cinq adolescents originaires de la région, dont l’un,
effrayé par le retentissement médiatique de l’affaire, s’était présenté de
lui-même à la gendarmerie.
L’enquête devra notamment préciser les motivations de ces garçons âgés de
15 ans et demi à 17 ans, sans antécédents judiciaires. La justice ne leur
connaissait pas « de convictions idéologiques qui pourraient expliquer leur
comportement », avait déclaré lundi Philippe Vannier.
Les suspects, qui selon le magistrat semblent avoir « considéré le cimetière
comme abandonné », ont réfuté toute intention antisémite lors de leurs
premières déclarations aux gendarmes.
Une théorie qui n’a pas convaincu la communauté juive locale. « On ne
s’attaque pas à un cimetière juif par hasard, à plus forte raison quand ce
sont des gens du coin », a ainsi estimé Pierre Levy, délégué régional en Alsace
du Conseil représentatif des institutions juives (Crif).
– Un rendez-vous via Facebook? –
Selon les Dernières nouvelles d’Alsace (DNA), les cinq jeunes gens se
seraient donné rendez-vous via les réseaux sociaux, deux jours avant de passer
à l’action, dans le but affiché d' »aller explorer quelques endroits
abandonnés » tels que « maisons, manoirs, châteaux (ou) gares ». Mais ce message
sur Facebook, dont le journal régional a publié une capture d’écran, ne
mentionnait ni l’idée d’un cimetière, ni une volonté particulière de viser un
lieu juif.
l’intolérance », a commenté mardi François Hollande, lors d’une cérémonie de
recueillement organisée sur place en présence de nombreux responsables
politique et religieux. « Mais le mal est d’ores et déjà fait », a ajouté le
chef de l’Etat, qui a relevé l' »acharnement » et la « frénésie » dont ont fait
preuve les profanateurs, dans la nécropole dont il a lui-même parcouru mardi
les allées.
« Profaner, c’est insulter toutes les religions », a ajouté le président, qui
a promis aux juifs de France que la République les défendrait « de toutes ses
forces ».
L’incompréhension est d’autant plus grande à Sarre-Union que plusieurs des
jeunes interpellés étaient scolarisés dans le lycée de la ville. Selon le
maire, Marc Séné, ils n’étaient pas issus de « familles qui posaient des
problèmes particuliers ».
La tante de l’un des jeunes suspects, interrogée par l’AFP, a fait part de
son incompréhension et évoqué « un brave garçon, qui n’a jamais fait de
bêtises ». « J’ai été très choquée quand j’ai appris ça ce (mardi) matin, nous
ne comprenons pas », a-t-elle confié.
Mardi matin, quelque 200 lycéens ont marché en silence dans les rues de
Sarre-Union.
« Nous sommes tous très surpris, ils sont plutôt calmes, discrets, même un
peu repliés », a dit un jeune homme à propos des suspects en garde à vue.
Interrogée par l’AFP, la tante de l’un d’entre eux a pour sa part évoqué « un
brave garçon, qui n’a jamais fait de bêtises ».
C’est dans ce contexte que des dégradations ont été découvertes mardi soir
dans le cimetière du village de Tracy-sur-Mer (Calvados) suscitant le « dégoût »
et « l’indignation » de Manuel Valls.
ab-yo/jag