Aujourd’hui, certains observateurs politiques évoquent « la trahison » et « l’hypocrisie » de la France. La convocation par le Ministère israélien des Affaires étrangères de l’ambassadeur de France était sans doute justifiée même si celle-ci est rare dans les annales des deux pays.
Nous suivons de longue date la « politique arabe » de Paris et sa position aveugle à l’égard des Palestiniens et nous constatons en effet qu’elle n’a pas vraiment changé depuis 1974. Cependant, ce qui choque et met en colère cette fois-ci, ce sont les fermes promesses françaises non tenues. Jusqu’à la dernière minute, les représentants français déclaraient sans ambages qu’ils proposeraient leur propre projet de texte ou du moins s’abstiendraient.
La France socialiste, celle de Hollande et de Fabius a bien déçu ! Les paroles chaleureuses d’amitié et de franchise, les garanties sur la sécurité d’Israël dans « des frontières sûres et reconnues » que tous les dirigeants français ont souvent prononcées à Jérusalem, devant la Knesset, restent toujours fugaces et partent à chaque fois en fumée. Elles sont désormais incompatibles avec la réalité sur le terrain. Le dernier comportement est vraiment incompréhensif ! Les froides explications et les justifications forcées des officiels français ont approfondi l’hypocrisie et l’embarras. L’ambiguïté devrait être levée car les sentiments de frustration ne peuvent plus nous convaincre. On ne supporte plus les politesses exagérées, les salamalecs !
Comment peut-on trahir un ami dans un moment crucial, quand on a vraiment besoin de lui ? Pourquoi la France n’a-t-elle pas choisi l’abstention comme le Royaume-Uni ? Pourquoi s’est-elle détachée du camp occidental pour combattre contre les Américains en faveur de la supercherie palestinienne, au moment même où Paris lutte justement contre le terrorisme international sur son propre territoire et contre Daesh ?
Le monde a donc changé avec l’effondrement des frontières étatiques et la mondialisation. Les nouvelles relations internationales ne permettent plus de compter que sur de vagues promesses européennes et en particulier françaises. Le vieux continent demeure aigri, fatigué et toujours mercantile. Il a du mal à affronter les menaces intérieures, économiques, sociales et islamistes.
Sans bien entendu couper nos excellentes relations bilatérales, il est temps de disqualifier l’Europe, et en particulier la France, afin de régler le conflit israélo-palestinien. L’Europe a choisi aveuglement le camp adverse, celui de la cause palestinienne. Comment peut-elle encore jouer le rôle d’arbitre ?
Cette conduite honteuse encourage les initiatives unilatérales des Palestiniens ! Elle renforce l’amertume, cette tristesse mêlée de rancœur, cette forte déception des Juifs de France et des francophones, fidèles depuis toujours aux valeurs de la civilisation française. Comment donc expliquer cette vague antisémite anti-juive et anti-israélienne ? Le départ sans retour de plus de 6 000 Juifs en 2014 pour s’installer en Israël ?
L’abstention au Conseil de sécurité de pays africains comme l’Angola et le Rwanda prouvent qu’Israël devrait réviser sa politique étrangère. Nous devrions intensifier nos liens avec l’Afrique et poursuivre nos efforts avec les Etats émergents en Asie et en Amérique latine. Bien que certains pays étaient auparavant hostiles à notre politique, ils comprennent aujourd’hui que l’Etat juif est bien placé pour les aider à se développer et à venir à leur secours dans les moments de détresse. Concernant les Nations unies et les instances internationales, soulignons qu’un petit pays ou une grande puissance ont le même pouvoir et le même droit de vote.
Enfin, il est regrettable et triste de constater que d’anciens diplomates israéliens, dont certains furent nos représentants en France, encouragent et félicitent la position française. Ils s’obstinent à croire détenir le monopole de la « juste cause d’Israël » sans pour autant reconnaître la naïveté de leur démarche et leurs graves erreurs du passé. Chez certains, les raisons politiques et personnelles prévalent hélas sur les intérêts de l’Etat même au moment où Israël traverse une campagne électorale agitée et imprévisible.