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L’Egypte doit prouver qu’elle veut la démocratie

L’aide financière militaire des Etats-Unis à l’Egypte devrait être suspendue si le pays continue dans sa voie

 

Des velléités au plan de l’administration Obama de maintenir l’aide militaire en Egypte se sont manifestées mercredi, un sénateur voulant bloquer le prochain contingent militaire. D’autres législateurs ont critiqué la Maison Blanche pour ne pas répondre avec plus de force à la répression du gouvernement militaire dirigé par les groupes d’opposition.

 

Le sénateur Patrick J. Leahy a qualifié l’envoi de 650 millions de dollars d’aide militaire à l’Egypte « inadmissible » à la lumière des récentes vagues de condamnations à mort prononcées par les tribunaux égyptiens au cours de procès de masse sommaires.

 

« Il s’agit d’un abus flagrant de la justice », a déclaré Leahy du Sénat mardi matin. Menaçant d’un rapprochement du pays vers la dictature.

 

Les Etats-Unis ont partiellement levé la semaine dernière le gel de leur aide militaire au Caire de 1,3 milliard de dollars par an, imposé après le renversement du président Morsi et la répression de ses partisans. Washington a invoqué la nécessaire lutte commune contre le « terrorisme », mais a assuré qu’il continuerait à tancer l’Egypte pour son mauvais bilan en matière de droits de l’homme.

 

Kerry exige une preuve de « démocratie »

 

Les responsables militaires au pouvoir en Egypte doivent prouver qu’ils sont sérieux dans l’instauration de la démocratie, a indiqué mardi le secrétaire d’Etat américain John Kerry.

 

Ce dernier s’exprimait à l’occasion d’une rencontre avec le ministre égyptien des Affaires étrangères Nabil Fahmy, en visite à Washington, la première à ce niveau dans la capitale américaine depuis le renversement par l’armée égyptienne en juillet 2013 du président islamiste Mohamed Morsi.

 

« Nous savons tous qu’il y a eu des décisions inquiétantes au sein du processus juridique », a souligné le secrétaire d’Etat, en référence aux récentes condamnations à mort de masse visant les partisans de Mohamed Morsi, que Washington a vivement dénoncées.

 

« Il est certain que l’Egypte est passée par un processus de transition très difficile », a-t-il reconnu. Ajoutant: « Nous voulons le succès du gouvernement par intérim. Nous avons de l’espoir et nous recherchons un processus politique qui soit inclusif et la mise en oeuvre d’une Constitution qui rassemble les gens politiquement autour de la table et élargisse la base démocratique ».

 

M. Fahmy a répliqué que les tribunaux égyptiens étaient indépendants et que le gouvernement ne pouvait pas interférer dans le processus judiciaire, assurant néanmoins qu’au final « nous aboutirons aux décisions qui conviennent dans chacune de ces affaires » de condamnations à mort.

 

« Je viens à présent au nom d’un peuple qui veut la démocratie et veut être acteur de son avenir », a-t-il souligné.

 

Les liens entre Le Caire et Washington, alliés depuis 35 ans, ont été mis à mal depuis la révolution de février 2011 qui a renversé Hosni Moubarak, suivie par l’élection au printemps 2012 du président Morsi, destitué à son tour en juillet 2013 par l’armée.

 

Une nouvelle élection présidentielle est prévue le mois prochain. M. Fahmy a promis que son pays « construirait une démocratie fondée sur l’Etat de droit ».

 

Une justice de coup d’Etat

 

L’Union mondiale des oulémas musulmans présidée par le prédicateur Youssef al-Qaradaoui a dénoncé mercredi une « justice aux ordres d’un pouvoir issu d’un coup d’Etat » en Egypte après les condamnations à mort de 683 partisans présumés du président islamiste destitué Mohamed Morsi.

 

Cet organisme a rejeté « le verdict prononcé par une justice aux ordres d’un pouvoir issu d’un coup d’Etat et qui gouverne actuellement l’Egypte en usant de contrainte et de répression », dans un communiqué publié dans la nuit de mardi à mercredi. Il a qualifié ce verdict de « politique et d’humiliant pour la justice égyptienne ».

 

Les condamnations à mort prononcées lundi, un mois après un premier procès de masse expéditif similaire, ont suscité une large réprobation de la communauté internationale.

 
Le prédicateur égypto-qatari Youssef Qaradaoui, basé au Qatar et considéré comme l’éminence grise des Frères musulmans, a joué un rôle de premier plan, notamment via la chaîne Al-Jazeera, dans la politique d’appui par Doha des mouvements islamistes, en particulier lors du Printemps arabe.

 

Les relations entre le Qatar et les autres pays du Golfe, en particulier l’Arabie saoudite et les Emirats, se sont tendues en raison du soutien de Doha aux islamistes, notamment égyptiens. Les Emirats comme l’Arabie saoudite soutiennent le pouvoir mis en place en Egypte par l’armée qui a destitué M. Morsi.
Youssef al-Qaradaoui a provoqué la colère d’Abou Dhabi en affirmant lors d’un prêche le 24 janvier que les Emirats arabes unis étaient « contre tout régime islamiste » et « jetaient en prison les partisans » d’un tel régime.
Mais il a fait volte-face en écrivant le 21 avril dans un tweet « aimer les pays du Golfe », en citant notamment l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis.

 

Il n’a cessé par ailleurs de démentir avoir l’intention de quitter le Qatar alors que des informations de presse, non confirmées, indiquent que Doha cherche, sous les pressions de ses voisins, un refuge pour des chefs des Frères musulmans installés actuellement dans le pays.

 

(AFP)

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