Le rapporteur public a demandé mardi au
tribunal administratif de Montpellier d’annuler la décision du maire de
Béziers, Robert Ménard, proche du FN, d’installer une crèche de Noël à
l’intérieur de l’hôtel de ville, estimant qu’elle portait notamment atteinte
au principe de la laïcité.
Le jugement devrait être rendu d’ici une quinzaine de jours.
Lors d’une longue et très argumentée démonstration, le rapporteur public
Albert Myara a insisté sur « l’emblème religieux » que constitue une crèche et
sur l’absence de particularismes locaux qui pourraient justifier son
installation.
Soulignant que « la religion relève de la sphère privée », le rapporteur a
estimé que cette crèche allait à l’encontre de la loi de 1905 sur la
séparation de l’Église et l’État et portait « atteinte au principe de laïcité,
de liberté de conscience et de neutralité de l’État ».
« La question n’est pas de savoir s’il faut rendre à Dieu ce qui appartient
à César. Le choix c’est celui de la laïcité », a affirmé M. Myara.
Il a estimé que la décision du tribunal administratif de Melun qui, en
décembre, avait refusé de démonter une crèche, ne pouvait être mise en avant
dans ce dossier, car cette crèche avait été installée à l’extérieur de la
mairie, sous un porche, alors que celle de Béziers se trouvait dans les locaux
de la mairie.
« On peut avoir une conception stricte ou plus souple de la laïcité. Il faut
être en phase avec la société d’aujourd’hui », a répondu l’avocate de la ville,
Me Raphaële Hiault-Spitzer, pour qui la crèche a désormais, au même titre que
le sapin de Noël, une valeur culturelle et non cultuelle. Et de demander aussi
la nullité de la procédure car « le litige n’existe plus », la crèche « ayant été
enlevée ».
« Le maire n’a pas à organiser les religions », a pour sa part plaidé Me
Sophie Mazas, à l’origine de la plainte, rappelant qu’outre la crèche, M.
Ménard avait aussi allumé les bougies de Hanouka (fête juive) le matin. « Et
pour l’Aïd-el-Kébir, il fait quoi ? », a-t-elle demandé.
Le 19 décembre, ce même tribunal, saisi en référé par la Ligue des Droits
de l’Homme (LDH) et un habitant de Béziers, avait rejeté la demande d’enlever
cette crèche, qui était restée du 1er décembre au 16 janvier. Il avait estimé
qu’il n’y avait pas urgence à statuer, dans l’attente d’un jugement sur le
fond.
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