Les réactions de responsables US, palestiniens ou israéliens ont fusé après le discours de Netanyahou
L’Iran n’est pas une menace plus importante que l’Etat islamique selon les Etats-Unis, a indiqué la porte-parole du Département d’Etat, Jenifer Psaki, en réaction au discours du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou devant l’ONU lundi.
Au cours de son allocution, Netanyahou a comparé la menace posée par le Hamas pour Israël à la menace de l’État islamique pour la communauté internationale. « Le Hamas, comme l’État islamique, veut un califat, » a-t-il dit et a mis l’accent sur le danger d’un Iran nucléarisé.
« Vaincre l’Etat islamique et laisser à l’Iran la capacité d’obtenir la bombe atomique « serait comme gagner une bataille et perdre la guerre », a-t-il ajouté. Les capacités nucléaires de l’Iran « doivent être totalement démantelées », a-t-il affirmé.
A ce sujet, Mme Psaki a fait savoir que si le Hamas et l’EI étaient deux organisations reconnues comme terroristes par les Etats-Unis, il existait toutefois des « différences en termes de menace » entre les deux.
Elle a également rejeté l’affirmation de Netanyahou selon laquelle le Hamas, l’EI, l’Iran, le Hezbollah, Boko Haram et d’autres groupes islamistes militants ont le même objectif, un califat musulman mondial.
La porte-parole du Département d’Etat a ensuite indiqué que tout accord sur le nucléaire iranien serait basé sur des « faits et des preuves », et que « la campagne de relations publiques menée par Téhéran » ne saurait avoir aucune incidence sur ces négociations, en référence à la mise en garde de Netanyahou sur « l’offensive de charme iranienne ». « Une fois que l’Iran produira des bombes atomiques, le charme et les sourires vont disparaître », a-t-il averti lundi.
« Manipulation des faits »
Côté palestinien, les critiques n’ont pas tardé à fuser après l’allocution du Premier ministre, dont la « manipulation flagrante » a été pointée du doigt.
« Le discours de Netanyahou à l’ONU était une manipulation flagrante des faits et il a tenté de tromper le public en utilisant un langage haineux, calomnieux (…) », a déclaré la directrice du Comité exécutif de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), le Dr Hanan Ashrawi, selon le site d’information Ynet.
« D’une part, il a tenté de créer une image d’un monde polarisé irréel dans lequel les ‘forces du mal’ sont rassemblées sous l’intitulé de ‘l’Islam militant’, ignorant les distinctions entre les différents acteurs, y compris le Hamas et l’Iran, tout en plaçant Israël dans le camp opposé comme une force de ‘lumière, de moralité et de justice », a-t-elle poursuivi.
La responsable palestinienne a également fustigé les propos de Netanyahou sur la coopération avec le monde arabe visant à faciliter la paix israélo-palestinienne, la qualifiant de « tentative de contourner la nécessité de se retirer des frontières de 1967 pour permettre la solution à deux Etats ».
« Une réponse appropriée »
En Israël, les partisans et détracteurs de Netanyahou ont également réagi en exprimant louanges ou critiques sur la plaidoirie du chef de gouvernement aux Nations-Unies.
« M. Netanyahou a arraché le masque du visage de Mahmoud Abbas et a prouvé qu’il était le partenaire du Hamas, non un partenaire pour la paix », a déclaré Yariv Levin (Likoud).
Le président du Comité des Affaires étrangères et de Défense, le député Zeev Elkin a estimé que c’était une « réponse appropriée à la calomnie et aux mensonges » proférés lors du discours d’Abbas vendredi.
L’opposition s’est montrée assez critique, dénonçant le double-discours du Premier ministre: « Nous ne savons pas quel Netanyahou croire: celui qui parle de compromis politique, ou celui qui, durant les 5 années de son mandat, n’a rien fait pour promouvoir une initiative politique », a déploré le chef de l’opposition, Isaac Herzog.
Le député arabe-israélien Ahmad Tibi a quant à lui dénoncé un « manque de contenu politique », ajoutant que l’assertion de Netanyahou selon laquelle « l’armée israélienne défend des valeurs morales plus que toute autre armée au monde » était un « oxymore ». « L’armée d’occupation ne peut être morale », a-t-il dit.
(i24news)