Ci-dessous l’intégralité de la correspondance entre le Président du CRIF et Jean-Luc Martinez, Président Directeur du Musée du Louvre.
Monsieur le Directeur,
Nous avons été choqués d’apprendre que Le Musée du Louvre, l’une des plus illustres institutions de notre culture et un des plus grands musées du monde, ait exercé une action de boycott vis-à-vis d’étudiants israéliens.
Cette pratique discriminatoire, interdite par la loi, doit être immédiatement condamnée et les responsables doivent être sanctionnés.
Nous voulons croire qu’il s’agit d’une initiative individuelle, et que vous allez communiquer sans délai votre condamnation sans réserve de toute mesure de boycott à l’égard d’étudiants ou de touristes israéliens.
Dans cette attente, je vous prie de croire, Monsieur le Directeur, en l’expression de mes salutations distinguées.
Roger Cukierman
Président du CRIF
Voici la réponse du Président Directeur du Louvre, qui a assuré le CRIF que « le Louvre est ouvert à tous et défend depuis deux siècles des valeurs universelles d’ouverture ».
Monsieur le Président,
Comme vous le savez certainement, puisque la presse s’en est fait l’écho et que la Ministre Fleur Pellerin m’a dit vous en avoir parlé hier, le Louvre est confronté à une polémique sur un soupçon de discrimination à l’encontre d’un groupe d’étudiants de l’université de Tel-Aviv.
Il m’est apparu important de vous apporter toutes les précisions nécessaires afin que vous puissiez disposer des informations sur le déroulé de cette affaire.
Pour vous en faire un rapide résumé, les choses se sont déroulées de la façon suivante :
1. Le 18 mai dernier j’ai reçu en fin d’après-midi un mail de M. François Heilbronn m’alertant, je cite, d’une « discrimination » à l’encontre d’un groupe d’étudiants de l’université de Tel-Aviv. Il joignait à son mail des courriers évoquant le « testing » opéré
2. Je lui ai répondu le soir même en lui indiquant que je diligentais immédiatement une enquête interne afin de clarifier cette situation et prendre les mesures nécessaires si besoin était.
3. Trois jours plus tard, je lui ai communiqué les résultats de cette enquête interne qui explique dans le détail comment s’organisent les réservations de groupes et les raisons pour lesquelles une réponse négative avait été faite à la première demande de réservation de l’université (nous recevons environ 400 demandes par jour, ce qui signifie que, sur une année, nous sommes contraints de décliner près de 80.000 sollicitations ; s’ajoute à cela que le taux d’annulation est de l’ordre de 20%, les créneaux libérés pouvant alors être redonnés à d’autres demandeurs – Ce qui est arrivé lors du « testing »-, sans qu’il y ait pour l’instant de file d’attente), sachant d’une part que la seconde avait été acceptée et que, d’autre part, des groupes d’Israël et de Tel-Aviv sont très régulièrement accueillis au Louvre. M Heilbronn, deux jours plus tard, m’a d’ailleurs répondu ceci : « Je tiens tout d’abord à vous remercier pour l’intérêt personnel que vous avez immédiatement manifesté pour cette étonnante affaire et l’extrême rapidité de l’enquête que vous avez demandé à vos services de réaliser. Votre réponse détaillée semble tout à fait convaincante. »
4. Je pensais donc l’affaire réglée jusqu’à ce que Libération fasse son article lundi, relayé par l’AFP et de nombreux médias.
Comme vous le savez, le Louvre est ouvert à tous et défend depuis deux siècles des valeurs universelles d’ouverture. Je suis profondément blessé que puisse se répandre l’idée d’une possible discrimination à l’égard de visiteurs.
Je tiens à votre disposition, si vous le souhaitez, les échanges de mails tout à fait cordiaux que j’ai eus avec M Heilbronn. Le week-end dernier encore, le Directeur de l’université de Tel-Aviv lui-même nous avait d’ailleurs contacté pour nous demander la faveur de pouvoir, pour la visite de son groupe d’étudiants, faire un tour dans une exposition temporaire pour voir un tableau, ce que nous avons naturellement accepté.
J’ajoute que nos relations avec les musées d’Israël (James Snyder en particulier) et la direction des antiquités d’Israël sont anciennes et très bonnes. Nous prêtons d’ailleurs cet été à Jérusalem le buste en bronze de l’empereur pour qu’il soit exposé, dans le cadre d’un événement inédit, avec les seuls deux autres bustes en bronze connus d’Hadrien, conservés à l’Israel Museum et au British Museum.
Je forme le voeu que ces éléments seront de nature à dissiper les éventuels doutes que vous pourriez avoir et tenais à vous assurer que je suis et resterai d’une vigilance sans faille en matière de respect des valeurs d’ouverture et de non-discrimination.
Je reste naturellement à votre entière disposition pour que nous en parlions de vive voix.