Mahmoud Zahar a une lecture différente de l’accord palestinien; Bennett pas ému par l’échec des négociations
Le Hamas ne reconnaîtra jamais le droit à l’existence d’Israël et ne mettra jamais ses troupes sous le contrôle de l’Autorité palestinienne, a fait savoir un haut responsable du Hamas qui a indiqué sa version de l’accord de gouvernement signé il y a une semaine entre son mouvement et le Fatah.
Le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas avait déclaré samedi que le nouveau gouvernement « devra respecter ma politique » et « reconnaîtra Israël et rejeter la violence et le terrorisme et reconnaître les engagements internationaux », même s’il a ajouté que le gouvernement ne reconnaîtrait jamais Israël en tant qu’Etat juif.
Mais un des dirigeants et co-fondateur du Hamas, Mahmoud al-Zahar, a indiqué avoir une lecture différente de l’accord de réconciliation.
« Abbas ne dit pas la vérité. Il dit ‘c’est mon gouvernement’. Mais ce n’est pas son gouvernement, c’est un gouvernement d’unité nationale. Il en fait une promotion commerciale de manière à diminuer la pression internationale », a déclaré al-Zahar à l’agence Reuters.
Pour illustrer cette pression, le dirigeant du mouvement terroriste a évoqué la décision d’Israël de geler les pourparlers avant la date butoir du 29 avril et l’application de sanctions ainsi que la menace des Etats-Unis de suspendre son aide financière à tout gouvernement palestinien auquel participerait le Hamas.
Al-Zahar a également abordé un autre tabou pour son mouvement, à savoir le contrôle des éléments armés du Hamas et de l’Autorité palestinienne. Pour le responsable islamiste, les forces de sécurité de l’Autorité palestinienne collaborent avec les Israéliens une politique qu’il qualifie de « honte ».
Pour al-Zahar, peu importe le résultat des élections prévues d’ici la fin de l’année selon les termes de l’accord, quelque soit le nouveau pouvoir qui sera mis en place, le Hamas gardera le contrôle de ses troupes. Selon les estimations, les brigades Ezzedine al-Qassam, l’aile militaire du Hamas, compteraient environ 20.000 terroristes.
« Personne ne touchera à nos unités de sécurité à Gaza. Personne ne sera en mesure de s’en prendre à le moindre personne de ce groupe militaire. Personne ne l’exige », a déclaré al-Zahar.
Après avoir gagné les élections en 2006 à Gaza, le Hamas s’est emparé l’enclave palestinienne et a expulsé par la force les partisans de Mahmoud Abbas.
Israël Etat d’ « apartheid »
De son côté, le négociateur en chef palestinien Saeb Erekat a accusé Israël de saboter activement les pourparlers de paix, a rapporté l’agence palestinienne de nouvelles Ma’an mardi.
« Malheureusement, Israël n’a jamais donné aux négociations une chance de réussir », a déclaré Erekat.
« Construire des colonies en territoire occupé, tuer des Palestiniens et démolir des centaines de maisons palestiniennes n’est certainement pas le comportement d’un gouvernement qui veut mettre fin à l’occupation, mais d’un gouvernement qui veut faire de l’occupation une annexion », a-t-il accusé.
Erekat a affirmé que le Premier ministre Benyamin Netanyahou avait profité de la période de négociation de neuf mois pour « consolider un régime de l’apartheid. »
Le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, quant à lui, a exigé mardi, pour poursuivre les pourparlers, qu’ils se concentrent prioritairement sur le tracé des frontières, ainsi que sur un gel de la construction dans les implantations.
« Depuis la création d’Israël, personne n’en connait les frontières. Nous sommes déterminés à connaître nos frontières et les leurs, sans quoi il n’y aura pas de paix », a déclaré M. Abbas lors d’un discours.
« Si nous voulons prolonger les négociations, il doit y avoir une libération des prisonniers, et nous irons aux négociations sur la base d’un arrêt de la colonisation, et la discussion des cartes et des frontières pendant trois mois, au cours desquels l’ensemble de la colonisation sera arrêtée », a expliqué M. Abbas lors d’une réunion consacrée à l’établissement d’un fonds pour Jérusalem.
Naftali Bennett se satisfait du statu quo après l’échec des pourparlers
Naftali Bennett, le président du Habayt Hayehudi (Foyer juif, parti national-religieux) a fait part de son sentiment mardi soir lors d’un discours à l’université de Tel Aviv à l’issue des 9 mois de pourparlers israélo-palestiniens qui se sont soldés par un échec.
« Il n »y a pas de solution parfaite. Il faut renforcer l’autonomie palestinienne, car nous ne souhaitons pas les contrôler », estime-t-il.
« Selon lui, « l’ère d’Oslo touche à sa fin et nous abordons une période plus réaliste ».
Le ministre de l’Economie ne semble pas s’émouvoir de l’impasse des négociations et se satisferait de ce statu quo. « Nous devons apprendre à vivre avec cette situation », dit Bennett.
« En gros, ce que j’aurais fait, et je le suggérerai au Pemier ministre, c’est de renforcer l’autonomie palestinienne d’une part,(…) et appliquer la loi de l’Etat d’Israël aux territoires israéliens sous contrôle d’Israël en Judée-Samarie, que ce soit à Goush Etzion ainsi que dans les blocs d’implantations d’Ariel et des localités proches de l’aéroport Ben Gourion, en fait toutes les localités juives secteurs dans lesquels vivent également entre 70 à 80.000 Arabes », a précisé le leader du Bayt Hayehudi.
« Je crois que si nous y appliquons la loi israélienne comme nous l’avons fait pour Jérusalem en 1967 et pour le Golan en 1981 (…). Alors ces mêmes 70.000 personnes voudront garder leur nationalité jordanienne, pas de problème, – la nationalité palestinienne – pas de problème non plus, et s’ils souhaitent la nationalité israélienne, toujours pas de problème », a expliqué Naftali Bennett.
« Nous ne sommes pas le seul endroit au monde où il y a des conflits récurrents. Chaque jour sans guerre est un jour béni », a poursuivi le ministre Bennett qui s’est également réjoui des excuses formulées par le secrétaire d’Etat américain John Kerry pour avoir utliser le mot « apartheid ».
« Je suis heureux qu’il se soit excusé (…) et il a bien fait. Je pense que c’est un non-sens. Israël est le seul pays de la région qui n’est pas un Etat d’apartheid », a commenté Bennett qui a conclu son discours en relativisant la situation.
« Ok, il faut apprendre à vivre avec cela (le conflit israélo-arabe, ndlr), mais ne pas faire de la dépression à cause de cette affaire. Nous avons quand même établi en Etat ici en 120 ans de sionisme, nous avons fait quelques belles choses, allez, continuons d’en faire », a conclu Naftali Bennett.