PARIS (Reuters) – Le procès de quatorze membres du groupuscule islamiste Forsane Alizza, dissous par décret en mars 2012, commence lundi devant le tribunal correctionnel de Paris.
Il devrait durer jusqu’au 23 juin.
Tous les prévenus, parmi lesquels celui qui est présenté comme le fondateur et l’émir de Forsane Alizza, Mohamed Achamlane, vont être jugés pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste. Certains sont aussi poursuivis pour acquisition et détention illégale d’armes.
Un quinzième prévenu, mineur au moment des faits, comparaîtra devant un tribunal pour enfants.
Le groupe Forsane Alizza — « Les cavaliers de la Fierté » –, a été créé en 2010, officiellement pour enrayer l’islamophobie grandissante en France et faire de la contre-propagande en ligne.
Selon l’accusation, il s’agissait en fait d’un ensemble « structuré et hiérarchisé » ayant vocation à devenir un « groupe armé, prêt à mener le djihad, le combat armé, y compris sur le sol français », indique une source judiciaire.
Des soupçons matérialisés par la saisie de nombreuses armes en perquisition et l’organisation d’entraînements physiques au caractère « très connoté », ajoute cette source.
Forsane Alizza est par ailleurs soupçonné d’avoir cherché des cibles potentielles pour d’éventuelles attaques, parmi des personnes considérées comme des « ennemis de l’islam », précise-t-elle.
Une liste de commerces juifs à Paris et en proche banlieue a notamment été découverte sur un fichier appartenant à Mohamed Achamlane, rapporte cette source.
L’enlèvement d’un magistrat aurait aussi été évoqué au sein du groupe, d’après l’accusation. Un « projet intellectuel » sans véritable tentative, comme l’avait expliqué le procureur de Paris François Molins.
Le Nantais Mohamed Achamlane, 37 ans, a déjà été condamné à plusieurs reprises, notamment pour port d’armes et violences volontaires. Devant les enquêteurs, il a démenti tout projet d’attaque violente de la part de son groupe et a déclaré avoir simplement voulu y fédérer de jeunes musulmans, selon une source judiciaire.
Son avocat, Me Bérenger Tourne, n’a pu être joint dimanche.
Forsane Alizza a été dissous par décret le 1er mars 2012.
Dans son texte, le gouvernement estimait qu’il présentait le caractère d’un groupe de combat « du fait de son organisation structurée, de l’endoctrinement religieux dispensé à ses membres et de sa pratique d’entraînements au combat au corps à corps et à la prise d’otages ».
Il soulignait qu’il appelait à l’instauration du califat et l’application de la charia en France, remettant ainsi en cause les « principes fondamentaux de la République. »
(Chine Labbé, édité par Grégory Blachier)