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L’AIEA en Iran pour « lever les inquiétudes restantes »

L’agence a des preuves « crédibles » que Téhéran a mené des recherches pour fabriquer la bombe atomique

 

Un dirigeant de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) est attendu à partir de lundi en Iran pour des discussions sur un accord de transparence concernant le programme nucléaire controversé de Téhéran, a annoncé dimanche un responsable nucléaire iranien.

 

Cette visite intervient en parallèle aux négociations entre l’Iran et les puissances du groupe 5+1 (Etats-Unis, Russie, Chine, France, Royaume-Uni et Allemagne) qui visent à conclure un accord définitif sur le programme nucléaire iranien. Les deux parties ont tenu une quatrième séance de discussions cette semaine à Vienne, mais aucune avancée n’a été enregistrée.

 

Les grandes puissances et Téhéran appliquent depuis janvier un accord intérimaire de six mois, sous la surveillance de l’AIEA.

 

Tero Tapio Varjoranta, directeur-adjoint pour les garanties de l’Agence onusienne, doit discuter mardi avec les dirigeants du programme nucléaire iranien afin de « lever les inquiétudes restantes et certaines ambiguités » sur un accord en sept points conclu en février, a précisé Behrouz Kamalvandi, porte-parole de l’Organisation iranienne de l’énergie atomique (OIEA), cité par l’agence Isna.

 

Début mai, une équipe de l’AIEA avait visité deux sites nucléaires dans le cadre de cet accord de transparence, dont les sept mesures devaient être vérifiées par l’Agence basée à Vienne avant le 15 mai.

 

L’Agence cherche en particulier à obtenir des réponses de la part de Téhéran sur ce que l’AIEA considère comme des preuves « crédibles » selon lesquelles l’Iran a mené des recherches visant à fabriquer la bombe atomique avant 2003, et peut-être aussi au-delà de cette date.

 

La République islamique a toujours démenti ces allégations.

 

L’Iran doit notamment fournir des informations sur la mise au point de détonateurs pour une bombe. En 2011, l’AIEA s’était dit préoccupée par ces « détonateurs à fil à exploser » en raison de leur « application possible dans un dispositif nucléaire explosif ».

 

Fin 2013, l’Iran et l’agence avaient déjà coopéré sur six premiers points liés au programme nucléaire iranien soupçonné de cacher un volet militaire.

 

« Nous sommes dans la phase où l’AIEA doit faire son évaluation concernant les mesures prises par l’Iran, afin de préparer le terrain pour de nouvelles coopérations », a souligné M. Kamalvandi.

 

Un accord possible malgré les divergences

 

Dimanche, le chef de la diplomatie iranienne Mohammad Javad Zarif a affirmé qu’un accord sur le nucléaire iranien reste possible malgré les divergences constatées à Vienne, appelant les Occidentaux à ne pas rater une nouvelle occasion de mettre fin à dix ans de crise.

 

« De retour de Vienne après des discussions difficiles », a écrit M. Zarif sur son compte Twitter, après la quatrième session de négociations depuis janvier avec le groupe des pays du 5+1 (Chine, États-Unis, France, Royaume-Uni, Russie et Allemagne), qui n’a pas permis d’avancées vers un accord final sur le programme nucléaire controversé de Téhéran.

 

« Un accord est possible, mais les illusions doivent disparaître », a ajouté M. Zarif, alors que les discussions achoppent en particulier sur le nombre et le type de centrifugeuses que l’Iran serait autorisé à utiliser pour son programme d’enrichissement d’uranium.

 

« L’occasion ne devrait pas être de nouveau manquée comme en 2005 », quand un précédent accord sur le nucléaire iranien avait échoué, a mis en garde le ministre des Affaires étrangères, qui chapeaute les discussions face aux grandes puissances représentées par son homologue européenne Catherine Ashton.

 

Ces négociations visent à limiter le programme nucléaire iranien pour garantir son caractère uniquement civil, en échange de la levée de sanctions qui étouffent l’économie du pays.

 

En vertu d’un accord de six mois conclu en novembre à Genève et entré en application le 20 janvier, l’Iran a stoppé ses activités nucléaires sensibles en échange d’une levée partielle des sanctions occidentales.

 

Jusqu’à présent, l’Iran a respecté sa part de l’accord, selon l’AIEA.

 

Rohani « piégé »

 

Dieter Nagl (AFP)Si la session de négociations sur le programme nucléaire de Téhéran a pris fin vendredi sans avancée majeure, les deux camps ont promis de poursuivre le dialogue afin de tenter de parvenir à un accord d’ici le 20 juillet.

 

« Nous pensons que nous pouvons encore y arriver », a expliqué vendredi à Vienne une diplomate américaine.

 

Cité dimanche par la chaîne de télévision iranienne Press TV, le vice-ministre des Affaires étrangères Abbas Araghchi a indiqué qu’une nouvelle session était prévue à Vienne entre le 16 et le 20 juin.

 

« Il y a de l’espoir pour l’avenir des discussions, si les autres parties montrent autant de bonne volonté que l’Iran », a estimé Ali Akbar Velayati, proche conseiller du guide suprême iranien Ali Khamenei, cité dimanche par le quotidien réformateur Shargh.

 

Pour l’expert politique Saïd Leylaz, il est normal qu’une crise vieille d’une décennie « ne soit pas complètement résolue en quelques mois ».

 

« Un accord difficile à conclure est plus viable qu’un accord facilement obtenu », a-t-il fait valoir dans le quotidien réformateur Etemad.

 

L’échec de cette nouvelle session est en revanche saluée par l’aile dure du régime iranien, qui dénonce les compromis acceptés par le gouvernement face aux pressions étrangères.

 

« Heureusement, les négociations n’ont pas porté leurs fruits », s’est réjouit dimanche le quotidien ultraconservateur Kayhan.

 

Son éditorialiste a critiqué le contenu de l’accord intérimaire, qui offre « trop de concessions pour trop peu de gains », estimant que le président iranien Hassan Rohani avait été « piégé » par les Occidentaux.

 

« Les activités nucléaires du pays ont été stoppées après l’accord de Genève et les inspections des espions occidentaux, sous le nom d’inspecteurs de l’AIEA, ont été acceptées de telle sorte que nos moindres mouvements sont sous leur contrôle », a également dénoncé le député conservateur Ebrahim Aqamohammadi, cité par l’agence Fars.

 

(avec AFP)

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