BOBIGNY, 27 sept 2013 (AFP) – La Ligue internationale contre le racisme et
l’antisémitisme (Licra) a demandé vendredi le retrait de passages qu’elle juge
antisémites dans cinq livres datant du XIXe et XXe siècle et une anthologie,
réédités par Alain Soral, devant le tribunal de Bobigny.
Les éditions Kontre Kulture étaient attaquées devant le juge des référés
pour avoir republié « La France juive », d’Edouard Drumont, « Le salut par les
juifs » de Léon Bloy, « Le juif international » d’Henry Ford, « La controverse de
Sion » de Douglas Reed et « Anthologie des propos contre les juifs, le judaïsme
et le sionisme » de Paul-Eric Blanrue.
« Alain Soral fait partie de ces personnes qui sont connues (…) comme
pouvant être des vecteurs de haine », a déclaré l’un des cinq avocats dépêchés
par la Licra, Me David-Olivier Kaminski.
Avec ces rééditions, « nous sommes dans la provocation, dans la volonté
d’attiser les tensions », a-t-il ajouté, redoutant que ces livres
« n’endoctrinent une partie de la population » pour commettre ensuite des actes
antisémites.
« Ce sont des livres condamnables du point de vue de la morale, mais pas du
point de vue du droit », a fait valoir de son côté l’avocat de M. Soral, Me
Lahcène Drici, soulignant que ces livres avaient déjà été à plusieurs reprises
réédités, sans que la Licra ne saisisse la justice.
« Ce sont des livres vendus sur internet à un public averti, achetés dans le
cadre d’une recherche historique ou autre », a-t-il défendu.
Dans un avis écrit, le procureur de la République a estimé que l’affaire
relevait du juge du fond et non d’une procédure en référé, et que « de nombreux
passages incriminés (par la Licra, ndlr) n’apparaissaient pas comme étant
constitutifs de propos injurieux, diffamant ou provoquant à la haine raciale »,
au grand dam des avocats de l’association.
Ces réquisitions reviennent à « dire que l’on ne peut pas parler de ces
questions délicates ici » dans un département de Seine-Saint-Denis, « dont on
dit qu’il est un territoire perdu de la République », s’est insurgé Me
Kaminski. « C’est un message grave et cela doit être fermement condamné »,
a-t-il ajouté.
La Licra a aussi demandé 20.000 euros de dommages et intérêts par ouvrage.
Le jugement en référé doit être rendu le 13 novembre.
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