La communauté juive au Danemark, qui
enterrait mercredi l’un des siens tué devant la synagogue de Copenhague, est
peu nombreuse et bien insérée, mais a été touchée récemment par
l’antisémitisme comme dans d’autres pays d’Europe.
Les estimations varient de 6.400 membres selon Israël à 8.000 selon la
communauté danoise. La majorité habite à Copenhague.
« La communauté juive est au Danemark depuis des siècles. Elle est chez elle
au Danemark, elle fait partie de la société danoise », a dit lundi la chef du
gouvernement, Helle Thorning-Schmidt, résumant le sentiment de la majorité de
la population.
Installés à partir du XVIIe siècle dans le royaume, ils ont pris part
depuis à la modernisation d’un pays réputé pour sa tolérance, et ils sont
rares aujourd’hui à émigrer vers Israël.
Avant même l’attaque de la synagogue de Copenhague dimanche, fatale à Dan
Uzan, 37 ans, des actes antisémites l’ont toutefois frappée ces dernières
années, majoritairement attribués à des musulmans.
Dès 2012, l’ambassadeur d’Israël, Arthur Avnon, avait déconseillé aux
Israéliens en visite au Danemark de porter des signes distinctifs de leur
appartenance religieuse ou de parler hébreu en public. L’organisation de la
communauté juive danoise avait également conseillé la prudence à ses membres
et aux personnes fréquentant l’école juive de Copenhague.
Les combats entre Israël et Palestiniens dans la bande de Gaza à l’été
dernier avaient aussi vu les incidents se multiplier: 29 recensés en juillet
et sur la première quinzaine d’août, soit plus par exemple que sur toute
l’année 2009.
Des élus avaient alors organisé une « marche à la kippa », qui avait traversé
sans incident le centre et le quartier populaire de Nørrebro, où vivent de
nombreux immigrés originaires du Moyen-Orient.
Mais moins d’une semaine plus tard, l’école juive Carolineskolen était
vandalisée dans la nuit, avec des graffitis antisémites et des vitres brisées.
L’histoire de cette communauté juive au Danemark est marquée par l’attitude
bienveillante de la population pendant la Seconde Guerre mondiale. Envahi par
l’Allemagne dès 1940, le pays avait négocié le maintien de ses institutions
démocratiques en échange d’une forme de collaboration, qui consistait en
premier lieu à consacrer son agriculture aux exportations vers le Reich.
L’antisémitisme était peu répandu chez les Danois. Il n’y eut pas de mesure
antijuives comme celles des gouvernements collaborateurs en France et en
Norvège, et les rafles des SS étaient vues avec hostilité.
Les Juifs danois n’ont jamais été obligés de porter l’étoile jaune.
En octobre 1943, le gouvernement danois démissionne plutôt que
d’entreprendre une répression féroce contre la Résistance exigée par les
nazis. De nombreux Danois organisent le passage en bateau de l’immense
majorité des Juifs du pays vers la Suède, pays neutre.
Les historiens estiment que plus de 7.000 personnes ont évité la
déportation. Seuls 500 Juifs danois ont été arrêtés, et 51 tués.
Ce chapitre glorieux de l’histoire du royaume n’occulte cependant pas
d’autres interrogations sur la passivité du pays face à Adolf Hitler, comme
l’inertie de ses diplomates qui n’ont pas protégé de Juifs ailleurs en Europe.
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