Le secrétaire d’Etat américain John Kerry a averti qu’Israël courait le risque de devenir un Etat d' »apartheid » s’il ne
faisait pas la paix rapidement avec les Palestiniens, a rapporté dans la nuit
de dimanche à lundi un média américain.
D’après ce site d’informations en ligne, The Daily Beast, qui dit détenir
un enregistrement de ces propos, John Kerry a fait cette remarque vendredi
lors d’une réunion à huis clos d’un centre de réflexion à Washington.
« La création de deux Etats sera la seule solution réaliste. Parce qu’un
Etat unitaire finirait par être soit un Etat d’apartheid avec des citoyens de
seconde classe, soit un Etat qui détruira la capacité d’Israël d’être un Etat
juif », a déclaré M. Kerry, selon le Daily Beast.
« Une fois ce scénario à l’esprit (…) vous comprenez combien il est
impératif d’arriver à une solution à deux Etats, à laquelle les deux
dirigeants ont réaffirmé encore (jeudi) leur attachement », a-t-il dit.
Des représentants officiels et des experts américains, européens, russes et
japonais participaient à cette réunion, précise le média américain.
Le département d’Etat n’a ni confirmé, ni démenti que son ministre ait tenu
de tels propos. « Je ne vais évidemment pas confirmer l’exactitude de
commentaires faits durant une réunion privée », a botté en touche sa
porte-parole, Jennifer Psaki.
« Mais le secrétaire d’Etat ne pense pas et n’a pas déclaré publiquement ou
dans un cercle privé qu’Israël était un Etat d’apartheid, c’est une différence
de taille. Israël est évidemment une démocratie dynamique avec des droits
égaux pour tous ses citoyens », a-t-elle assuré.
Des dirigeants israéliens ont toutefois condamné avec force les
déclarations de M. Kerry.
Le ministre des Transports Israel Katz a écrit sur sa page Facebook « Kerry
honte à vous! Il y a des mots que l’on ne peut pas employer ». Dani Dayan, un
ancien président du conseil de Yesha, la plus importante organisation de
colons de Cisjordanie, a dénoncé une « insulte pour les peuples israélien et
sud-africain ».
Le terme d' »apartheid » fait référence au système social ségrégationniste en
vigueur en Afrique du Sud de 1948 à 1994.
Tandis que John Kerry et le président Barack Obama se sont abstenus
d’utiliser ce terme en parlant du conflit israélo-palestinien, l’ancien
président des Etats-Unis Jimmy Carter (1977-1981) avait intitulé son livre sur
le sujet publié en 2006 « Palestine: la paix, pas l’apartheid. »
Parrain des négociations de paix qu’il a relancées le 29 juillet 2013 pour
neuf mois, John Kerry a par ailleurs réaffirmé que le processus de paix
israélo-palestinien n’était pas mort.
Mais lundi, les deux camps apparaissaient déterminés à consommer leur
rupture, à la veille de la date butoir des négociations de paix, le 29 avril,
une échéance de toute façon jugée irréaliste depuis plusieurs mois.
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