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Interview de François Pupponi  » Municipale 2020″ Pour Israël Actualités

François Pupponi, Maire honoraire de  Sarcelles, candidat aux élections  Municipales 2020
IMG-20200621-WA0051« Voir des Français juifs quitter le pays par peur ou par obligation m’est insupportable »
L’ancien maire de Sarcelles, François Pupponi s’engage pour sa ville de cœur. Présent, au
premier tour, en troisième position sur une liste municipale, il tient, pour ce deuxième
tour, les rênes de la campagne en première ligne de front, pour reprendre les commandes
de Sarcelles (Val d’Oise). Avenir des juifs en France, communautarisme, climat politique, il
livre en exclusivité pour Israël Actualités, son regard sur l’action et l’engagement et entend
se battre pour ses valeurs. Entretien…
Propos recueillis par Alain Sayada
Vous êtes, avec le député Meyer Habib, l’une des voix à l’Assemblée Nationale qui
défendent Israël régulièrement. Les juifs de France, bien au-delà de Sarcelles, vous
apprécient. Pensez-vous que les bouleversements que connaît la France et la crise
économique qui s’annonce aient un impact sur le devenir du judaïsme français ?
Oui je suis convaincu que la France est à un tournant de son histoire, les juifs
s’interrogeaient déjà sur leur place avant cette crise qui ne fera qu’exacerber tous les
conflits, toutes les tensions. La France va connaître une période de turbulences et la
question de l’avenir des juifs de France se pose avec plus d’;acuité.
Parlons des municipales, à Sarcelles, campagne pour laquelle vous avez revu votre
positionnement et votre engagement. Votre présence, votre équipe, votre programme
semblent rassurer les administrés…
Écoutez, c’est vrai que les élections municipales à Sarcelles se déroulent dans des
circonstances particulières, parce que pour la première fois, il y a des réseaux très actifs
proches de l’islamisme radical qui se sont installés sur des listes municipales, et qui peuvent
peser sur l’;élection du maire. La communauté juive est inquiète, et elle n’est pas la seule. Les
citoyens qui aspirent à vivre en paix et dans la concorde le sont également. Nous voulons
donc, avec nos colistiers, continuer à œuvrer comme nous l’avons fait pour que chacun ait sa
place dans la ville de Sarcelles. Pour les juifs de la ville, pour tous les citoyens inquiets, la
présence de notre liste d’union est un signal fort. Elle dit notre engagement à leurs côtés.
Elle dit aussi notre intention de préserver le vivre ensemble et la sérénité, comme nous
l’avons fait depuis tant d’années lorsque j’étais maire de la ville.
Vous êtes l’une des personnalités politiques dont les Français ont une opinion positive, ce
qui n’est pas peu dire en ce moment. Nombre de citoyens, en ce moment, disent qu’ils
aimeraient vous avoir comme maire. Ressentez-vous cet engouement des gens sur le
terrain ? Comment se déroule votre campagne et comment expliquez-vous votre
popularité, au sein de votre ville et au-delà de ses frontières ?
Je commencerai d’abord par vous remercier de cette question qui récompense des
décennies d’engagement politique au service du peuple et non d’intérêts personnels. C’est
le travail acharné d’une vie, le mien et celui de tous les gens qui travaillent avec moi que
vous soulignez ici et j’en suis sincèrement touché. Je pense que ma popularité si l’on peut
dire, tient à ma personnalité. Je suis un homme de terrain et de conviction. Je fais de la
politique pour changer les choses, pour défendre des causes auxquelles je crois, pour
améliorer la vie des gens, au quotidien, immédiatement. L’action politique locale est le cadre

de l’immédiateté, à la différence de l’action nationale ou législative. Elle a un impact direct
et rapide sur la vie des administrés. J’ai mon franc-parler, je dis les choses comme je les
pense et quand je les pense, sans calcul. Les gens sont sensibles à cette forme de sincérité.
La défense de la communauté juive découle de ma conception de l’engagement en politique.
Lorsqu’une injustice, un fait de société m’interpelle, me choque, ne correspond pas aux
valeurs que je porte, je le dis. La défense d’Israël et surtout la lutte contre la mise au ban des
nations et le boycott de l’Etat hébreu d’une part, et la défense de la communauté juive, qui
subit de plein fouet la haine antisémite et la montée des communautarismes en France
d’autre part, sont incontournables dans ce contexte. J’ai, par ailleurs, le sens de l’amitié et
de la fidélité. La communauté juive apprécie d’avoir à ses côtés un ami fidèle et sincère dans
ses prises de position. Je n’ai, on s’en doute, aucune visée électoraliste en agissant ainsi. A
Sarcelles, j’ai été aux côtés des instances communautaires et des fidèles et ce que j’ai donné
a servi les intérêts de la ville, car les juifs de Sarcelles ont pleinement participé au
rayonnement, au développement économique et aux actions sociales de terrain de la
commune.
Vous parliez de montée de l’islamisme radical à Sarcelles. En découle-t-il une
augmentation des actes antisémites ou du moins d’un climat antisémite au sein de la ville,
comme c’est le cas sur l’ensemble du territoire français ?
C’est hélas, indéniable. Depuis quelques années, nous ne pouvons que constater la montée
de l’antisémitisme dans notre pays, et Sarcelles, ville où le vivre ensemble semblait être
acquis, n’est malheureusement pas épargnée. C’est une réalité et le déni, sur ces sujets, de
certains élus et acteurs politiques doit cesser.

Comment faire pour lutter ?

Je pense qu’il faut
éduquer, informer et ne surtout rien laisser passer. J’ai d’ailleurs défendu, à l’Assemblée
nationale, un texte de loi en ce sens : lorsqu’une personne est victime d’acte antisémite, ce
n’est pas à la victime de prouver que l’acte est bien antisémite. Tout signe distinctif
permettant de l’identifier en tant que juif suffit à qualifier l’agression qu’elle soit verbale ou
physique en acte antisémite. Le mis en cause, peut, ainsi, être condamné à une peine
alourdie, compte tenu de cette circonstance aggravante ; Il est pour moi insupportable de
voir des victimes devoir apporter des preuves de ce qu’elles ont subi. Personne n’est dupe,
mais les auteurs s’en sortent souvent à bon compte et cela doit, à mon sens, cesser. Plus la
réponse sera forte, et moins il prendra l’envie aux auteurs de recommencer ou de faire des
émules…
« La France, patrie des Lumières, se devrait d’être un allié de poids et de choix pour la
seule démocratie du Proche-Orient : Israël »
Les attentats de 2015 avaient eu pour conséquence une importante vague d’alyah. Il
semblerait que la crise sanitaire de la COVID-19 produise les mêmes effets. Un nombre
significatif de juifs de France a déposé un dossier d’alyah. On parle d’une augmentation
record de 400 %. Avez-vous eu vent de ce phénomène et quel en est, selon vous, la cause ?
Il y a plusieurs raisons à mon sens. Les personnes candidates à l’immigration en Israël ont
peut-être eu l’impression que la gestion de la crise sanitaire, en France, était à remettre en
question. Ils pensent, sans doute, qu’ils auraient été mieux protégés en Israël, a fortiori si ces
personnes ont perdu des proches. On le sait, la communauté juive a payé un lourd tribut au
coronavirus, notamment à cause des festivités de Pourim, qui ont donné lieu à de multiples
rassemblements au cours desquels hélas, plusieurs personnes se sont infectées. La

communauté juive française a d’ailleurs été l’une des plus touchées d’Europe. Par ailleurs,
après la crise sanitaire, c’est la crise économique qui s’annonce et cette perspective inquiète
tout autant que le contexte épidémique. La France, les Français, traverseront des moments
difficiles, on le sait et dans les moments difficiles, on a toujours tendance à se chercher des
boucs émissaires. Certains juifs ont peur d’assister, de ce fait, à une nouvelle vague d’actes
antisémites et préfèrent prendre les devants en quittant la France pour Israël. Je veux dire à
ces personnes que, quelle que soit leur décision, je serai à leurs côtés pour lutter contre la
haine et leur permettre de vivre en paix.
Vous êtes un ami d’Israël, que pensez-vous des relations actuelles entre la France et
Israël ?
La relation entre la France et Israël est extrêmement complexe. Je le constate à l’Assemblée
Nationale. Les ennemis d’Israël sont de plus en plus nombreux, même si, je le crois
sincèrement, le Président Macron, lui, a plutôt une bonne opinion de l’État hébreu, une
certaine admiration même. J’en ai souvent discuté avec Meyer Habib qui me l’a confirmé. En
revanche, le Quai d’Orsay, et le ministère des Affaires étrangères ont des liens de plus en
plus difficiles avec Israël. Certains moments ont été plus que tendus. C’est un non-sens pour
moi : en tant que démocratie, patrie des Lumières, la France se devrait d’être un allié de
poids et de choix, pour la seule démocratie au sein de la zone de turbulences que représente
le Proche et le Moyen Orient. Cela me chagrine énormément.
Que pensez-vous du mouvement BDS ?
C'est une honte ! Ce mouvement, qui prône le boycott n’a qu’une seule assise : la haine. Il
est mené, a été créé par des gens proches de la mouvance islamiste radicale, il n’a qu’une
seule intention : nuire à Israël afin de voir l’État hébreu disparaître un jour. Ce type
d’organisations dont le seul fonds de commerce est la haine ne devrait pas pouvoir
s’installer ni prospérer dans notre pays. D’autant que ses dirigeants se jouent de notre
arsenal législatif pour prospérer. A chaque fois que nous avons tenté, nous, élus indignés par
ce mouvement, de lui interdire toute action et même de rendre le mouvement lui-même
illégal, on nous oppose la liberté d’expression. Je déplore le clientélisme de certains élus,
notamment à l’échelon local : dans certaines villes de région parisienne, le BDS jouit d’un
réel soutien et c’est insupportable. Je peux vous assurer que je ne l’ai jamais accepté et que
je ne l’accepterai jamais à Sarcelles.
La disparition de Claude Goasguen a fait l’effet d’une onde de choc dans la communauté
juive car il était l’un des amis sincères d’Israël et des juifs de France. Vous êtes de ceux qui,
tout en n’ayant pas les mêmes allégeances politiques, partageaient ses valeurs et son
combat. Après les attentats de l’Hypercacher, de l’école Ozar Hatorah de Toulouse, à quoi
les juifs de France doivent-ils s’attendre, à votre avis ?
La disparition de Claude Goasguen est une perte importante pour les amis d'Israël. Pour moi,
ce fut douloureux, c’était un ami sincère et nous avions en commun nombre de valeurs. Il
s’est également engagé pour les Chrétiens d’Orient, un combat que je partageais et dont la
résonance a été, hélas, faible au sein de l’espace médiatique français. Je le déplore
profondément car les massacres dont ils sont les victimes n’ont pas cessé, hélas. Il était de
ces voix pour la lumière, la défense des causes justes et cette perte est, pour nous,
incommensurable… Désormais, il faudra trouver des personnes, des élus notamment, qui
auront le même courage que lui pour poursuivre son combat contre l’obscurantisme,

l’ignorance et la haine, des juifs notamment. Je vous le disais précédemment : certains
députés, aujourd’hui, préfèrent sauver leur siège à coups de flatteries et de passe-droits
clientélistes vis-à-vis de personnes, de mouvements et d’associations peu recommandables.
Sous couvert d’humanisme de façade, ces gens ne servent que leurs propres intérêts
électoraux et c’est lamentable. Il faut rester en alerte permanente face à ce type de
pratiques qui font le lit de la haine et favorisent la montée des extrêmes. Dans ma
circonscription, il y a plus de juifs que de musulmans : je le dis haut et fort, je suis l’ami de
tous, à la condition que l’extrémisme ne soit pas leur fonds de commerce. Claude partageait
ces valeurs. Il me manquera.
En conclusion, si vous aviez un message à adresser aux juifs de France, quel serait-il ?
Rien de plus ni de moins que ce que je dis depuis longtemps : la France a besoin de nous, de
vous ! La France républicaine est en danger et elle ne sortira pas indemne des luttes qu’elle
doit mener si ses forces vives, démocratiques et ses citoyens choisissent de quitter le pays.
Qu’il soit juif, chrétien, musulman, athée, chacun doit pouvoir vivre en harmonie avec les
autres citoyens et c’est ce socle-là, cette France-là qui est attaquée par des forces obscures
et des réseaux dont le seul objectif est de saper notre système républicain. Sans les citoyens
juifs, la France ne sera plus la France car ce sera le signe qu’elle n’a pas su protéger sa
population des extrémismes et de la haine. Je comprends ceux qui sont tentés par l’alyah,
j’entends le discours des pères et des mères de famille, au sein de mes amis sur l’avenir de
leurs enfants et leur inquiétude. Je voudrais que ces gens soient sereins et fiers de se dire
Français et de rester en France, sans peur, sans angoisse. Voir des Français se résigner à
quitter leur pays faute de soutien et de défense de la part des élus m’attriste profondément.
Je comprendrais le projet d’Alyah si c’était par choix. Que les juifs de France l’envisagent par
obligation parce que nous n’avons pas su les protéger m’est insupportable…

Propos recueilli Par Alain SAYADA

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