Jérusalem, 1 mai 2015 (AFP) – Benjamin Netanyahu a jusqu’à mercredi pour
former un nouveau gouvernement israélien mais il doit pour cela tenter de
concilier les intérêts des différents partis avec lesquels il discute pour
former une coalition.
Après la victoire du Likoud, son parti de droite qui a remporté 30 sièges
sur 120 aux législatives du 17 mars, M. Netanyahu s’efforce de constituer avec
cinq partis nationalistes et religieux une majorité de 67 députés sur 120.
Il a conclu cette semaine des accords avec deux alliés potentiels: le parti
de centre droit Koulanou (10 sièges) et la Liste unifiée de la Torah (6
sièges), ultra-orthodoxe.
Voici l’état des lieux des discussions sur les principaux points en
débat:
– Des concessions aux ultra-orthodoxes
L’accord avec la Liste unifiée prévoit l’annulation des réductions des
allocations familiales et la reprise du versement des subventions pour son
réseau d’écoles indépendant. Du pain bénit pour un parti dont les électeurs
sont pour la plupart des familles nombreuses et pauvres.
Les jeunes ultra-orthodoxes qui refusent de faire le service militaire ne
seraient plus poursuivis. Ces poursuites avaient été imposées par le précédent
gouvernement au nom de l’équité avec les laïcs, contraints à trois ans de
service pour les hommes, deux pour les femmes. Des milliers de jeunes
orthodoxes bénéficiaient auparavant d’une exemption.
– La réforme du logement et des banques.
Aux termes de l’accord avec Koulanou, Moshé Kahlon, le dirigeant de ce parti, ancien ministre du Likoud, va obtenir le portefeuille des Finances. Il s’est engagé à des réformes dans les secteurs du logement et des banques, pour réduire le coût de la vie et les inégalités sociales.
Son parti pourrait hériter aussi des ministères du Logement et de
l’Environnement.
– Les Affaires étrangères et le processus de paix
Les négociations sont toujours en cours avec Israel Beiteinou (six sièges), parti du ministre des Affaires étrangères sortant Avigdor Lieberman. Il devrait garder son poste. Il réclame l’entière responsabilité du dialogue, crucial, avec les Etats-Unis. Il veut la haute main sur un futur processus de paix au Moyen Orient qui devrait être, selon lui, un effort régional et non plus seulement une discussion bilatérale avec les Palestiniens.
Les deux dossiers relèvent jusqu’à présent du domaine réservé de M.
Netanyahu.
M. Lieberman exige en outre que le gouvernement adopte comme objectif
stratégique l’éviction du pouvoir du Hamas dans la bande de Gaza.
– Les pouvoirs de la Cour suprême
M. Netanyahu est soumis aux pressions pour limiter les possibilités de la
Cour suprême d’invalider des lois que voterait le parlement mais qu’elle
jugerait contraires aux lois fondamentales du pays.
Les pressions portent également sur la procédure de nomination des juges de
la Cour. Les désignations seraient assurées par une majorité d’hommes
politiques et non plus de juristes.
Le procureur général Yehuda Weinstein s’est fermement opposé à de telles
initiatives susceptibles selon lui de porter atteinte à l’indépendance de la
Cour.
Moshé Kahlon aurait obtenu un droit de veto sur tout projet de loi qui
rognerait les pouvoirs de la Cour suprême, ou qui définirait Israël comme un
Etat juif. Une telle loi, selon de nombreux juristes, institutionnaliserait
les discriminations contre les minorités, notamment les Arabes israéliens (17%
de la population).
– La réforme des médias
M. Netanyahu exige un droit de veto sur toute réforme touchant aux médias,
en particulier Israel Hayom, le quotidien le plus diffusé du pays, qui
soutient totalement le Premier ministre sortant. M. Netanyahu n’était pas
parvenu fin 2014 à empêcher un vote préliminaire du parlement visant à
interdire la diffusion gratuite d’Israel Hayom.
– L’éducation
Naftali Bennett, dirigeant du Foyer juif (8 députés), parti nationaliste
religieux, devrait obtenir le ministère de l’Éducation, qui représente le
deuxième budget de l’Etat après la Défense. Ce parti devrait également
obtenir le portefeuille de Agriculture et prendre le contrôle de la division
de l’Organisation sioniste mondiale chargée du transfert de fonds publics aux
colonies israéliennes de Cisjordanie et du plateau du Golan occupés, ont
indiqué les média