Le président du Congrès juif mondial, Ronald
Lauder, a mis en garde le Musée des Beaux-Arts de Berne, désigné par
l’Allemand Cornelius Gurlitt pour abriter l’importante collection de tableaux
volés à des juifs par les nazis, évoquant « une avalanche de procès » en
perspective.
Accepter cet héritage « ouvrira la boite de Pandore et déclenchera une
avalanche de procès » de la part des héritiers potentiels des propriétaires
spoliés, a prévenu M. Lauder, dans un entretien accordé conjointement avec la
ministre de culture allemande, Monika Grütters, à l’hebdomadaire allemand Der
Spiegel, à paraître lundi.
Dans cette interview, Mme Grütters indique que le gouvernement allemand est
en pourparlers avec le Musée. Plus ancien musée de Suisse, il avait été
désigné en mai comme l’héritier de la collection de Cornelius Gurlitt, au
lendemain de son décès, le 6 mai dernier, à l’âge de 81 ans. « Je suis
convaincue que nous parviendrons à une solution bonne et raisonnable », affirme
la ministre.
M. Lauder invite également l’Allemagne à plus s’investir dans la recherche
des oeuvres volées, notamment celles qui se trouvent toujours dans des
musées. « L’idée que les choses vont trop lentement ne trompe malheureusement
pas », a reconnu Mme Grütters, indiquant toutefois que l’Etat allemand avait
triplé les crédits pour établir l’origine des oeuvres.
La législation doit changer en Allemagne, estime M. Lauder, c’est un point
« très important ». « Les Américains pensent que les musées allemands se
retranchent derrière (elle) car elle ne les contraint à rien », estime M.
Lauder. En novembre 2013, dans une entretien à l’AFP, il avait déjà enjoint
l’Allemagne à restituer au plus vite les centaines d’oeuvres d’art retrouvées
chez Cornelius Gurlitt à leurs légitimes propriétaires.
Des centaines d’oeuvres d’art de Chagall, Matisse ou Picasso, avaient été
saisies il y a deux ans à Munich (sud de l’Allemagne), dans le cadre d’une
enquête pour fraude fiscale, chez M. Gurlitt, vieil homme solitaire et
discret, fils d’un marchand d’art au passé trouble sous le IIIe Reich.
L’affaire avait fait la Une des médias internationaux et relancé le débat
sur la restitution des oeuvres dérobées aux juifs durant la dictature nazie.
dsa/mr