Une atmosphère de deuil régnait lundi en
Israël au lendemain de la mort de 13 soldats dans la bande de Gaza, mais ces
pertes, les plus lourdes depuis huit ans, n’ont pas entamé la détermination
d’Israël de poursuivre son offensive.
Les enterrements d’au moins cinq militaires devaient avoir lieu lundi,
selon une porte-parole de la police.
Les médias faisaient leurs gros titres sur cette « journée noire », la plus
sanglante pour l’armée israélienne depuis la deuxième guerre du Liban contre
le Hezbollah en 2006, portant à 18 le nombre de militaires tués depuis le 8
juillet et le début de l’opération « Bordure protectrice » à Gaza.
Les journaux consacraient ainsi des articles nécrologiques sur chacun des
soldats tués qui appartenaient tous à la brigade Golani et auxquels le
président Shimon Peres devait rendre hommage en allant voir leurs proches.
A l’antenne des radios et des télévisions, les familles des défunts
pleuraient les leurs sans récrimination adressée au gouvernement : « Mon fils
était un être extraordinaire (…) il a perpétué la tradition de son père qui
était aussi dans (la Brigade Golani) », raconte une mère éplorée.
Honorant les morts, Israël Hayom, le quotidien le plus diffusé, titrait en
Une : « 13 frères héroïques », considérant, comme de nombreux Israéliens, que
ces soldats font partie de la « famille » de chacun dans un pays où les hommes
doivent faire trois ans de service militaire, deux ans pour les femmes.
Sima Kadmon dans le quotidien Yédiot Aharonot évoque un « sentiment
oppressant » dans le pays. « La publication (…) des photos de ces jeunes gens
pleins de confiance dans leur projet de vie illustrées d’un bref résumé de
leur courte vie: c’est précisément cela que Benjamin Netanyahu (le Premier
ministre) et Moshé Yaalon (le ministre de la Défense) voulaient éviter »,
souligne l’éditorialiste.
Pour le moment, toutefois, le choc provoqué par la mort des soldats n’a pas
entamé un large consensus sur la nécessité de prolonger cette énième guerre à
Gaza contre le Hamas, qui a déjà fait plus de 500 morts du côté palestinien,
dont une majorité de civils.
– ‘Toutes les options’ d’actualité –
Qu’il s’agisse des militaires tombés au front ou des scènes de dévastation
à Chajaya (banlieue est de la ville de Gaza), Benjamin Netanyahu a insisté sur
le bien-fondé de son offensive.
« Nous menons une opération complexe, intense et en profondeur à l’intérieur
de la bande de Gaza qui est soutenue par le monde. Le soutien est très fort au
sein de la communauté internationale », a affirmé le Premier ministre
israélien, malgré les nombreux appels au cessez-le-feu.
Interrogé par la radio publique, le ministre chargé des Services de
renseignements Youval Steiniz a, pour sa part, réaffirmé que la journée
sanglante de dimanche ne change rien : « toute les options restent d’actualité »
« J’estime que les combats risquent de durer longtemps (…) il se peut que
nous n’ayons d’autre choix que d’élargir les opérations, y compris jusqu’à
prendre le contrôle de toute la bande de Gaza », a-t-il martelé en rendant
visite à des militaires blessés.
Le ministre des communications, Gilad Erdan est tout aussi ferme : « ce
n’est pas le moment de parler d’un cessez-le-feu », a-t-il souligné, excluant
tout retrait en l’absence « d’arrangements à long terme (…) sur une
démilitarisation de ce secteur ».
Et dans l’opposition travailliste on joue aussi la carte de l’union sacrée,
évitant toute critique à l’adresse du gouvernement, même si l’on se refuse à
une occupation de Gaza par l’armée.
« Il faut tout faire pour ne se pas se laisser aller à une dynamique qui
nous amènerait au-delà des objectifs fixés au départ », a affirmé le député
Naham Shaï, en se référant aux buts de l’opération: la fin des tirs de
roquettes depuis Gaza et la destruction des tunnels allant vers Israël.
Amos Harel, un commentateur du quotidien d’opposition Haaretz, a lui aussi
mis en garde contre « toute tentative de renverser le régime du Hamas » qui
contrôle la bande de Gaza.
jlr/alf/sw