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Gaza a-t-elle ruiné le tourisme israélien ?

Même avec une baisse de 36% des visites touristiques, Israël sait comment rebondir après une guerre

Le 8 juillet 2014, en pleine chaude soirée d’été, le système anti-missile israélien Dôme de fer a intercepté au moins un missile dans le ciel de Rishon LeZion, ce qui, à un certain niveau, était une bonne nouvelle – il n’a jamais touché le sol – mais a provoqué tout un tas de petits ravages à proximité de l’aéroport Ben Gourion. Les agents de sécurité normalement sereins se sont alors mis en mode de quasi-combat, ordonnant à tous ceux qui venaient en voiture d’abandonner leur véhicule et d’aller se cacher quelque part. Bordure Protectrice et un été pourri nous tombaient sur la tête, chaque alerte et chaque missile étaient un autre coup porté aux campagnes en cours du ministère du tourisme pour vendre la Terre Sainte au monde comme une destination non seulement souhaitable, mais viable.

Et ce n’était pas une illusion: les chiffres officiels récents ont montré une baisse de 36% du nombre de touristes en Israël au mois d’août dernier par rapport à août 2013. Pour le tourisme en Israël, voilà qui représente une grosse perte, l’industrie du Voyage employant environ 200.000 Israéliens et représentant 11 milliards de dollars dans l’économie. En fait 2013 avait été une bonne année, avec deux millions de touristes venant sur les huit premiers mois, soit une augmentation de 7% par rapport à 2012. Mais lorsque la politique empiète sur les bons moments, les choses peuvent changer rapidement.

Il n’y aura pas de reprise instantanée non plus, la perception étant qu’Israël reste un pays dangereux. «Les gens ont encore peur», dit Hezi Talay, directeur du marketing au Scottish Hôtel de Tibériade, en bordure de mer de Galilée. « Cela aurait pu être une meilleure année’’, a-t-il ajouté, « mais nous commençons octobre avec une baisse des réservations de 40%. »

Tel Aviv non plus n’a pas été épargnée par le ralentissement en raison de la guerre de Gaza, comme peut l’attester Avi Ifrach, propriétaire de deux hôtels boutiques dans la ville, The Diaghilev et The Rothschild. « En Juillet et Août, nous avons vu les annulations augmenter de plus de 50% », a-t-il dit. Peut-être fut-ce plus inquiétant encore pour les hôtels à Tel Aviv, mais l’industrie dans son ensemble, estime que le rebond est lent.

Un hôtel comme le Scottish hôtel s’appuie fortement sur des groupes tels que les groupes évangélistes qui incluent la Galilée dans leurs itinéraires, autour des sites traditionnels de la Terre Sainte. Talay note que « du début jusqu’au contact avec les tour-opérateurs il faut six à huit mois pour finaliser les détails et créer un groupe de 20 participants. En termes individuels, le marché le plus difficile à récupérer est l’Amérique, ajoute-t-il.

Les Américains restent frileux quant aux voyages à l’étranger en général et au Moyen-Orient spécifiquement, ce n’est pas une surprise, surtout quand on considère la culture omniprésente de la sécurité aux États-Unis depuis le 11 septembre. Les choses ont en outre été aggravées fin juillet par l’interdiction de 36 heures de la FAA sur les compagnies aériennes américaines de voler depuis ou vers l’aéroport Ben Gourion – le seul aéroport international d’Israël.

Tout touriste voulant entrer ou sortir d’Israël le 23 ou 24 Juillet sans être sur El Al, la compagnie nationale israélienne qui a poursuivi son service comme d’habitude et a même pris en vol l’ancien maire de New York Michael Bloomberg le 23, pouvait être pardonné pour son mal de tête persistant suite au chaos que la décision de la FAA a causé sur les vols. La plupart (mais pas toutes) des compagnies aériennes européennes ont vite emboîté le pas. Avec tant d’incertitude dans les airs – encore aujourd’hui – pourquoi un voyageur choisirait-il Israël?

«Nous savons qu’il y a eu quelques dégâts en termes de perception, lorsque les compagnies aériennes américaines ont décidé de ne pas voler en Israël, même si les embarquements ont été maintenus à hauteur de 36%», a déclaré Amir Halevy, directeur général au ministère israélien du Tourisme. « Avec les fêtes juives à venir, nous espérons obtenir de meilleurs taux d’occupation et que le processus de reprise se poursuivra ensuite – il devrait reprendre d’ici 3 à 6 mois. »

Le ministère du Tourisme a fait des campagnes agressives de marketing international, en particulier sur les marchés allemand et russe (La campagne publicitaire « Once in a Lifetime » a été faite en Europe pendant l’été, et continue toujours). Le marché juif français, selon les initiés de l’industrie, est robuste. Mais en termes de voyage américain, l’interdiction de vol de la FAA a peut-être eu un effet domino qui a conduit à des taux d’occupation des hôtels inférieurs à la normale dans tout Israël. De nombreux hôtels de Jérusalem sont maintenant exploités à seulement 25% de leur capacité normale. Halévy affirme que le taux d’occupation des hôtels en Juillet et en Août n’est jamais censé être à 100% car ce n’est pas une période haute pour les voyages d’affaires, mais la chute de fréquentation est indéniablement dramatique.

Peut-être plus révélateur, comme l’a signalé je quotidien Israël Hayom, les guides touristiques, – souvent un baromètre de la santé de l’industrie du tourisme -, affirment que de plus en plus de groupes annulent entièrement leurs voyages à Jérusalem. Les perturbations de l’été ont été nombreuses: la Saison de la Culture de Jérusalem, par exemple, n’a pas été annulée, mais ce ne fut pas non plus une saison normale. « La plupart de nos activités de festival ont été reportées et certaines d’entre elles ont été annulées », a déclaré le directeur du festival Itay Mautner. « Il devait y avoir un mélange de sentiments et de « lois de sécurité »- quelques-uns des événements n’ont tout simplement pas été autorisés, et le sentiment général était que nous ne pouvions pas continuer comme nous l’avions prévu, car c’était parfois fou. » Les fréquentes attaques sur le nouveau tramway de la ville et les émeutes sporadiques à Jérusalem-Est n’ont pas beaucoup arrangé les choses.

À Tel-Aviv, la dynamique est différente : à quel point Tel Aviv peut-elle continuer à se vendre dans le monde comme le Manhattan de la Méditerranée?

Je me souviens à la mi-Juillet m’être assis pour déjeuner à Bindella, peut-être le plus branché des nouveaux restaurants de la ville. Vous pouviez compter le nombre de tables occupées sur une seule main. Le propriétaire Chris Bindella a dit que lorsque les sirènes ont retenti, « les gens sont descendus aux toilettes. » Certes, il n’y a rien de tel qu’un bruit de missile à quelques centaines de mètres au-dessus de votre tête pour vous faire passer l’envie de manger vos fruits de mer ou votre ragoût. Bindella a déclaré que le restaurant a connu une relative baisse inoffensive de 15% en raison de Bordure protectrice mais que maintenant les choses sont “revenues à la normale. »

« Le produit touristique israélien continue d’être unique en son genre », a déclaré Halevy lors d’une réunion à la Mer Morte. «Nous avons les lieux saints, bien sûr, plus le tourisme du désert, les plages avec de l’eau chaude en Septembre, l’opéra à Massada, et bien plus encore », a-t-il dit. « Et avec l’accord de ‘ciel ouvert’, nous avons beaucoup de nouvelles compagnies aériennes low-cost desservant Israël depuis l’Europe pour ce que nous appelons City Break travel ».

Avec l’Allemagne uniquement, les chiffres ont augmenté de 35% au cours des six premiers mois de 2014.

Si la crise est forte, Halévy est catégorique : « ce n’est pas une catastrophe, car en Israël, nous avons beaucoup d’expérience avec le genre de situation que nous avons connu en Juillet et Août et nous savons comment les gérer ». Il est un peu philosophique : « Vous devez comprendre que partout dans le monde, après avoir eu le 11 septembre, quatre ans plus tard il y a eu le volcan en Islande, et partout des crises dans le tourisme ont eu un impact mondial. Toute personne qui se déplace sait que des situations peuvent se présenter, mais nous continuons notre travail ».

Anthony Grant présente la revue de presse quotidienne d’i24News en anglais.

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