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Fils de prince, diplomate et prêtre des déshérités, le Roumain Mgr Ghika béatifié Par Isabelle WESSELINGH

BUCAREST, 31 août 2013 (AFP) – Descendant princier, diplomate et
infatigable soutien aux déshérités, de la banlieue parisienne à l’Europe de
l’Est, le prêtre roumain Vladimir Ghika, mort dans les geôles communistes en
1954 a été béatifié samedi à Bucarest.
« Nous accordons que le vénérable serviteur de Dieu Vladimir Ghika, prêtre
diocésain et martyr, pasteur zélé et témoin tenace de la charité divine puisse
désormais être appelé Bienheureux », a déclaré le cardinal Angelo Amato,
représentant du pape François, en lisant la « Lettre Apostolique » signée par ce
dernier.
Environ 8.000 fidèles de Roumanie et de l’étranger, notamment de France où
Mgr Ghika (1873-1954), a étudié et exercé comme prêtre au diocèse de Paris ont
assisté à la messe.
200 prêtres catholiques, le cardinal français André Vingt-Trois, des
représentants d’autres religions monothéistes étaient également présents ainsi
que des dissidents de la dictature communiste roumaine.
De sa naissance à Constantinople (Istanbul) dans une famille princière
orthodoxe à sa mort des suites des mauvais traitements dans l’une des plus
sinistres prisons politiques communistes roumaines, le parcours de Mgr Ghika
est « étonnant », a déclaré à l’AFP Michel Kubler, directeur du Centre
Saint-Pierre et Saint-André de Bucarest dédié à la rencontre entre l’Orient et
l’Occident.
« Sa vie a été marqué par les séismes historiques du XXe siècle », des deux
Guerres mondiales à l’ascension du nazisme et du communisme, relèvent les
professeurs Francisca Baltaceanu et Monica Brosteanu dans une biographie parue
en août (Editions du Cerf).
Après des études en France, Vladimir Ghika, se convertit au catholicisme en
1902. Il est ordonné prêtre à Paris en 1923, à 50 ans.
Grand voyageur, diplomate du Vatican, il parcourt le monde, fondant le
premier dispensaire gratuit en Roumanie ou contribuant à l’ouverture du
premier carmel au Japon en 1933.
Il est reçu par l’empereur du Japon, le pape Pie XI l’appelle le « grand
vagabond apostolique », se lie d’amitié avec l’écrivain Paul Claudel et
l’intellectuel français Jacques Maritain, fréquente les milieux diplomatiques.
Panaït Istrati, grand écrivain roumain de langue française, anticlérical,
communiste convaincu avant d’être déçu par le stalinisme, l’appelle « mon père ».
Mais, Vladimir Ghika est aussi celui qui s’installe dans une baraque de
fortune à Villejuif en 1927, créant un petit dispensaire au coeur d’une
banlieue parisienne misérable.
Il soigne les malades de tuberculose à Rome, tente de créer une léproserie
plus humaine en Roumanie.
Quand éclate la Seconde Guerre mondiale, il reste pour aider les réfugiés
polonais qui fuient le nazisme et l’avancée de l’Armée rouge.
Mais quand le Rideau de fer sépare l’Europe en deux, déclenchant une vague
de répression des autorités communistes, il est arrêté en 1952.
Emprisonné au Fort 13 de Jilava, près de Bucarest, il est torturé et meurt
à 80 ans le 16 mai 1954.
Oeucuméniste fervent et défenseur de l’unité de l’Eglise chrétienne, il
s’éteint veillé par un juif, un musulman et un orthodoxe.
« Son parcours a une cohérence puisqu’il a essayé toute sa vie d’unir
l’Eglise mais également différentes influences importantes pour lui », note M.
Kubler.
« La béatification d’aujourd’hui doit être vue comme signe prophétique de
réconciliation et de paix, comme mémoire d’un triste passé à ne répéter en
aucune manière », estimé Mgr Amato dans son homélie.
Le Fort 13 où est mort Mgr Ghika est aujourd’hui un mémorial dans un pays
où 600.000 personnes furent emprisonnées pour des raisons politiques par le
régime communiste.
iw/at/abk

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