Eric Zemmour est poursuivi mercredi devant le tribunal correctionnel de Paris notamment pour incitation à la haine raciale. En mai 2014, il évoquait sur RTL les «bandes» d’étrangers qui «dévalisent, violentent ou dépouillent».
«Les Normands, les Huns, les Arabes, les grandes invasions d’après la chute de Rome sont désormais remplacés par les bandes de Tchétchènes, de Roms, de Kosovars, de Maghrébins, d’Africains qui dévalisent, violentent ou dépouillent.» Pour ces propos, tenus en mai 2014 à l’antenne de RTL, Eric Zemmour sera jugé mercredi devant le tribunal correctionnel de Paris.
Il est notamment poursuivi pour incitation à la haine raciale. Pour des propos publics, la peine peut aller jusqu’à un an de prison ferme et 45000 euros d’amende.
Après cette chronique, le Conseil représentatif des associations noires de France (Cran) dénonçait le «délire xénophobe» du polémiste et avait saisi le tribunal en se portant partie civile aux côtés du Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (MRAP) et la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (Licra).
«Il est déterminant d’agir et de limiter ses interventions. D’ailleurs, cesactions font leur oeuvre, il s’exprime beaucoup moins», a estimé à la veille de l’audience l’avocat du Cran, Me Alain Tamegnon Hazoume, faisant référence au licenciement d’Éric Zemmour par la chaîne i-Télé fin décembre 2014.
Le CSA avait mis en garde RTL
L’avocat du polémiste, Me Olivier Pardo, affirme de son côté qu’ «Éric Zemmour n’a fait que reprendre le constat de l’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP)». «On interdit à un journaliste de décrire le réel, de diffuser une information donnée par un organisme d’État, c’est gravissime, cela va au-delà de l’entrave à la liberté d’expression, il s’agit de la liberté d’informer», insiste l’avocat.
L’observatoire, placé sous la tutelle du Premier ministre, a démenti avoir publié un tel constat. Même s’il établit chaque année des statistiques sur la délinquance en distinguant les Français et les étrangers, «la notion de bandes n’existe pas», souligne Christoph Soullez, directeur de l’ONDRP. «Des études sur les mis en cause dans les vols ont été faites en fonction des nationalités, mais pas des origines», insiste l’organisme, alors que le fichage ethnique est interdit en France.
Le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), saisi aussi par le CRAN à la suite de ces dires, avait «mis fermement en garde» RTL, considérant que les propos étaient «de nature à encourager des comportements discriminatoires vis-à-vis des populations expressément désignées, et de pouvoir inciter à la haine ou à la violence à l’encontre de celles-ci»