C’est « un cri d’alarme et un geste de
solidarité »: le journaliste et essayiste Edwy Plenel publie jeudi un
livre-plaidoyer « Pour les musulmans » (éd. La Découverte) en forme de pamphlet
contre ceux qui, à ses yeux, les stigmatisent.
C’est une petite phrase du philosophe Alain Finkielkraut qui a suscité
l’ire du fondateur du site d’information Mediapart et l’a conduit à rédiger ce
court essai « à contre-courant », tracé d’une plume vive et engagée: « Il y a un
problème de l’islam en France ».
« Mon livre est provoqué par le fait que dans le système médiatique, dans
les milieux intellectuels, chez les académiciens, il est accepté de cibler
l’islam et les musulmans en général comme notre problème de civilisation »,
explique à l’AFP Edwy Plenel.
L’auteur poursuit de sa vindicte l’ancien ministre de l’Intérieur Claude
Guéant, qui avait considéré comme un problème « l’accroissement du nombre des
fidèles » musulmans – ils seraient 3,5 à 5 millions en France selon les
estimations. Ou encore Manuel Valls qui, avant d’accéder à Matignon, avait
selon Edwy Plenel posé la question « de la compatibilité de l’islam avec la
démocratie ».
« De Claude Guéant à Manuel Valls, sous la dissemblance partisane, d’une
droite extrémisée à une gauche droitisée, nous voici donc confrontés à la
continuité des obsessions xénophobes et, particulièrement, antimusulmanes »,
écrit le pamphlétaire.
Le titre de son ouvrage renvoie à « Pour les Juifs », article qu’Emile Zola
rédigea en 1896, vingt mois avant son fameux « J’accuse » en défense du
capitaine Dreyfus. « Aujourd’hui, et cela a été conquis de haute lutte, nous ne
pouvons pas dire sans que cela provoque de réaction +il y a un souci de
civilisation qui serait le judaïsme, les Juifs en France+. Eh bien je réclame
la même chose pour ces compatriotes (musulmans, NDLR) qui sont au coeur de ce
qu’est notre peuple », dit Edwy Plenel, précisant que son livre aurait pu
s’intituler « Pour les minorités » ou « Pour la France ».
« Je ne défends pas ceux qui trahissent leur religion en commettant des
crimes, je défends nos compatriotes qui n’y sont pour rien et qui sont en même
temps stigmatisés ou oubliés », confie l’essayiste. Tout en rêvant d’un retour
à la « laïcité originelle » inscrite dans la loi de 1905 qui, « loin d’une
crispation face à l’affirmation des cultes minoritaires, signifiait leur
reconnaissance », écrit-il.
(« Pour les musulmans », La Découverte, 144 p., 12 EUR).
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