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Edito de Alain SAYADA – Dîner du Crif, deuxième service : posture victimaire et bande dessinée

 

Oui, je sais, vous allez me dire, pour quelqu’un qui n’est pas du genre à se vexer, ça fait

beaucoup deux éditos sur un seul et même dîner, ça fait même rancunier… Est-ce ma

faute à moi, si le CRIF, en l’espace d’une semaine, trouve le moyen de me donner deux

fois du grain à moudre ? Car décidément, ce dîner du CRIF auquel notre journal n’était

pas convié (nos collègues de Hamodia aussi ont été mis de côté), me cause des aigreurs

d’estomac. La semaine dernière, vous vous en souvenez certainement, le CRIF régalait, à

grand renfort de cuisine casher, l’un des principaux personnages politiques français

hostiles à Israël : Jean-Jacques Urvoas, fraîchement nommé Garde des Sceaux.

Et je m’étonnais que celui qui considère les militants du BDS comme « des combattants

de la Liberté pour Gaza », puisse être reçu, par cette institution. Ou du moins qu’on ne

profite pas de l’occasion pour le confronter à ses prises de position, au lieu de poser

niaisement sur la photo à ses côtés. Marine Lepen et son clan étaient exclus du dîner,

« parce qu’on invite ses amis », nous disait Roger Cukierman avant la petite sauterie sur

BFMTV et que ni elle ni sa famille n’en font partie. Ah bon ? Et quand ils sont au

gouvernement, ça vaut pas alors, ce principe en acier trempé ? Loin de moi l’idée de

trouver malheureuse l’exclusion du FN. Mais, pour moi, les ennemis ne deviennent pas

des amis lorsqu’ils sont propulsés au gouvernement.

Las, cette semaine, j’avais décidé de laisser Cukierman et consorts tranquilles. Mais les

déclarations de celui qui, aux yeux de la République française, porte la voix de notre

communauté, me restent décidément sur l’estomac. Monsieur Cukierman a déclaré

également, toujours juste avant le fameux dîner, et toujours sur BFMTV, que « les juifs de

France se sentent comme des citoyens de seconde zone. » Et en y repensant, mes

aigreurs sont revenues. Je comprends, bien évidemment, le propos général de Monsieur

Cukierman, consistant à expliquer que l’inquiétude des Français juifs ne pourra s’apaiser

tant que le monde politique et la société française n’auront pas pris en compte

l’indignité de notre situation. Mais les termes utilisés en revanche, me mettent la rate au

court-bouillon.

Validez ce langage, monsieur Cukierman, même si c’est pour dénoncer une situation,

c’est accepter de facto, une posture victimaire. Et les Français de confession juive

méritent bien mieux que ce pyjama rayé qu’on leur affuble régulièrement. Non monsieur

Cukierman, nous ne sommes plus des victimes ! Non monsieur Cukierman, nous ne

baisserons plus la tête en nous lamentant sur notre sort. Si les juifs de France restent

mobilisés pour que la société française, qui s’est laissée gangrénée par l’islamo-fascisme

et l’antisionisme, ne retombe pas dans ses vieux démons en faisant de nouveau des juifs

ses boucs-émissaires, ce n’est pas pour autant que nous accepterons de nous octroyer

nous-mêmes le statut de victimes.

Les Français juifs sont des Français comme n’importe quels autres. Remonter à la

Révolution Française pour dater notre émancipation, c’est encore une fois, donner de

l’eau au moulin de nos détracteurs. Français depuis… Donc pas vraiment Français alors !

Depuis quand faut-il donner sa date de naturalisation pour justifier de sa citoyenneté ?

Et pourquoi se justifier ? Nous travaillons, élevons nos enfants, respectons les lois et les

principes de la République, célébrons la République dans nos prières et nos synagogues

et payons nos impôts ! N’est-ce pas suffisant pour qu’on nous respecte comme n’importe

lequel de nos concitoyens. Où est-il écrit qu’il faille se justifier pour avoir le droit

d’envoyer ses enfants à l’école sans qu’ils se fassent insulter ou tabasser ?

Cette lente dérive du vocable vers le langage des victimes et celui des exclus est notre

première et principale faille, monsieur Cukierman ! De grâce, ne tombez pas dans ce

piège grossier ! Je suis d’autant plus remonté que monsieur Cukierman compte bientôt

céder sa place, à la fin de son 3ème mandat. Il y aura donc des élections, un nouveau

président, donc une nouvelle voix pour porter la parole de « la vitrine légale de la

communauté juive ».

Qui sont les candidats ? Ah pardon, le seul et unique candidat ? Monsieur Francis Khalifa,

vice-président du CRIF… Bonjour la pluralité ! Quoi ? Une institution pareille, un rôle si

important, et personne, hormis Iznogoud pour être Khalifa à la place du Calife ? De qui

se moque-t-on ! Remarquez, ne suis-je pas naïf, finalement ? A voir l’organigramme du

CRIF et les noms qui y figurent, je me dis que l’institution n’est qu’une forteresse

noyautée par les bobos de la communauté juive et qu’il n’y règne, sans aucun doute

possible, qu’une pseudo élite confite de privilèges et nourrie de salamalecs et de titres

honorifiques. Comme dans les bandes dessinées…

Rien à voir avec une représentation forte, plurielle et efficace de notre communauté au

sein du corps républicain ! Alka Seltzer en main, je prie donc pour qu’une alternative

voie le jour, qu’une institution digne de ce nom se charge du destin des juifs de France.

Adieu monsieur Cukierman, j’ai mon indigestion à soigner…

Am Israel Hai

Alain Sayada
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