BORDEAUX, 12 jan 2014 (AFP) – Le maire UMP de Bordeaux et ancien Premier
ministre, Alain Juppé, dit partager « la conviction » et « l’indignation » du
ministre de l’Intérieur, Manuel Valls (PS), sur sa circulaire contre les
spectacles de Dieudonné, indique-t-il sur son blog, alors que son rival à
l’élection municipale des 23 et 30 mars, le socialiste Vincent Feltesse, a
émis des réserves quant à la démarche du ministre.
« Si l’on en croit de nombreux commentateurs, le ministre de l’Intérieur
n’aurait agi, dans l’affaire Dieudonné, que par calcul politique », augure
Alain Juppé, mais « je fais une autre hypothèse »: « Et si M. Valls était mu par
une sincère et profonde conviction? A savoir le refus de laisser se
réenclencher, quelques décennies à peine après l’effroyable extermination de
six millions de juifs en Europe, la spirale du négationnisme et de
l’antisémitisme. D’entendre chanter Shoah nanas ou pratiquer un geste qui
évoque le salut nazi ».
Alain Juppé souligne qu’il partage « cette conviction et cette indignation »
et que c’est la raison pour laquelle il a annoncé « d’emblée, au vu de la
circulaire du ministre de l’Intérieur qui donnait aux maires la base juridique
qui manquait », qu’il interdirait « la manifestation de M. Dieudonné à Bordeaux ».
L’ancien chef de gouvernement estime par ailleurs que « la liberté
d’expression et la liberté de réunion sont, évidemment, des libertés
fondamentales dans notre démocratie. Mais, comme toutes les libertés, elles
s’exercent dans le cadre des lois de la République ». « Or, nos lois proscrivent
et punissent le négationnisme, l’antisémitisme, le racisme, l’incitation à la
haine raciale. Elles protègent la dignité humaine, quelle que soit, cela va de
soi, la communauté ou la religion concernée. Le Conseil d’Etat vient de le
rappeler fort opportunément ».
« Or, M. Dieudonné viole ces lois de manière répétée. Il a été condamné à
plusieurs reprises, il a récidivé et s’est soustrait à l’exécution des peines
qui lui ont été infligées. Il fallait marquer un coup d’arrêt à cette dérive
dangereuse pour la crédibilité de la République. C’est fait », s’est-il
félicité. « M. Dieudonné affirme que dans son prochain spectacle, il n’y aura
plus de propos antisémites… Ce qui est une forme d’aveu. Il faudra juger sur
pièces et sur la durée ».
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