En exclusivité et pour la première fois sur notre site, un pilote de chasse de Tsahal vous raconte face caméra l’ensemble de son expérience, de sa formation à la remise de ses ailes de pilote en passant par ses exploits et ses moments de doute. Nous laissons aujourd’hui la parole au lieutenant G. qui, à 22 ans, peut être fier d’être pilote dans l’Armée de l’Air israélienne.
Comment devient-on pilote de Tsahal
Devenir pilote est un rêve pour beaucoup et pourtant, seule une poignée de soldats parvient à terminer cette longue formation qui est l’une des plus sélectives de Tsahal. Avant même leur enrôlement dans l’armée, les jeunes aspirant à devenir pilotes sont confrontés à plusieurs tests : tests psychotechniques et psychologiques, examen médical et déjà quelques simulations de vols. Les meilleurs d’entre eux seront ensuite reçus au “Gibush”, une semaine d’examens qui permettra de déterminer qui seront ceux qui rejoindront finalement la formation.
Cette formation dure 3 ans :
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1 an : les soldats passent les “tironout”, les classes préparatoires, comme tout autre soldat de Tsahal.
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6 mois : après des examens, les recrues volent chaque jour dans la section de vols à laquelle elles ont été assignées.
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1 an : les soldats étudient à l’université Ben Gurion afin de passer une licence (en mathématiques, économie ou encore sciences politiques).
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6 mois : sessions intensives de vols.
Voler en solo pour la toute première fois
“Voler pour la première fois, c’est assez fou”, raconte le lieutenant G. “Tu allumes le moteur, tu te retrouves collé à ton siège, puis tu quittes la piste de décollage et tu es dans les airs. C’est une sensation incroyable la première fois. Tu es enfin celui qui contrôle l’avion et celui-ci fait ce que tu veux. Lorsque tu es en vol, ton rythme cardiaque est toujours très élevé car tu es continuellement très concentré et tu donnes 100% de tes capacités. C’est une véritable sensation de puissance. Tu as la tête dans les nuages, et ce n’est pas une expression!”
Ce que le lieutenant G. préfère lorsqu’il est aux commandes de son avion, “c’est de voir notre pays depuis le ciel. Cet hiver, c’était incroyable de voir Jérusalem sous la neige, et de l’autre côté la mer. J’avais la plus belle des vues d’où j’étais.”
“Tu dois être constamment bon mais tu ne l’es jamais assez.”
Avoir la chance d’être sélectionné pour rejoindre la formation des pilotes ne garantit en rien de devenir un jour pilote. “Rien n’est facile. Pendant l’ensemble de la formation, j’étais sûr que j’allais être recalé. Il y a eu de nombreuses fois où j’ai craqué, où tout me paraissait difficile”, avoue le lieutenant G. L’une des grandes difficutés de la formation est l’incertitude. “Jusqu’à la fin de la formation, tu ne sais pas si tu vas réussir à arriver au bout. Tu ne sais pas si tu es bon ou mauvais”, explique t-il. “Tu dois être constamment bon mais tu ne l’es jamais assez. Le jour où j’ai appris que j’avais été sélectionné pour participer à la formation, j’étais le plus heureux du monde. C’était à 6h du matin, j’ai appelé mes parents qui dormaient. Ils étaient vraiment très émus et très heureux pour moi.”
Le lien entre les recrues est l’une des choses les plus chères aux yeux du pilote G. “Il est vrai que l’atmosphère est une atmosphère de compétition”, explique t-il. “Mais il s’agit davantage d’une compétition avec toi-même, car tu veux donner le meilleur de toi. Beaucoup de mes amis ont été recalés de la formation. Ça m’a bouleversé. Ce sont des personnes avec qui je passais mes journées. Nous dormions dans la même tente pendant la première année, nous nous entraînions ensemble… et tout d’un coup elles n’étaient plus là. Mais cette formation ne t’autorise pas vraiment à t’effondrer. Il faut garder la tête froide et avancer.”
Recevoir enfin ses ailes de pilote
“Le moment le plus émouvant de mon parcours a été la remise de mes ailes des pilote. Je suis monté dans les tribunes, entouré de ma famille et de mes proches”, se souvient le pilote G. “Ce moment m’a vraiment ému.” Lorsque les soldats terminent enfin leur formation et reçoivent leurs ailes de pilote, ils s’engagent à servir 9 ans dans Tsahal et contrairement à ce que l’on pourrait penser, ils sont encore loin d’être des pilotes de chasse opérationnels. Ils entrent dans la formation avancée qui dure environ 2 ans et qui leur permettra seulement alors de participer aux activités opérationnelles de Tsahal.
Le lieutenant G. vole actuellement aux commandes du Skyhawk, un avion de combat qui a participé à toutes les guerres d’Israël. “Le Skyhawk sert aujourd’hui d’avion de formation et nous sommes la dernière génération à voler dessus”. À la fin de sa formation avancée, le lieutenant G. aura la chance de piloter le F15 ou le F16, bijoux de la flotte aérienne de Tsahal.
Mûrir et devenir responsable
Ces trois années intensives que représente ce parcours permet non seulement de former de nouvelles générations de pilotes, professionnels et capables de défendre les frontières d’Israël, mais également de faire de ces jeunes soldats des personnes mûres, responsables et qui ont conscience du sens de leur mission. “Si nous sommes ici, c’est pour notre pays”, explique le pilote G. “C’est pour cette raison que nous servons dans l’armée. Il est important de garder à l’esprit que nous vivons [en Israël] dans une région complexe. Mais il y a des personnes ici qui ont pour mission de protéger le pays et de faire en sorte que la population puisse vivre dans le calme. Les habitants peuvent être sûrs que l’Armée de l’Air les défend et assure leur sécurité.”