Bettina Gerecht, propriétaire du château de Montceaux-lès-Meaux, est effondrée et « en colère ». Deux croix gammées salissent la porte et un mur de la chapelle du domaine depuis mardi matin. « Mes parents sont juifs, cet acte est dédié. C’est insupportable », tempête sa fille, Laura Benghozi,psychologue dans une association juive.
«C’est un acte antisémite qui résonne douloureusement dans le passé familial. Il ne faut pas s’habituer à ce genre d’horreur et c’est ce que je crains», soupire Bettina Gerecht, qui dénonce une ambiance de village propice à ce type d’acte. «Ce climat hostile s’est amorcé à l’élection du maire actuel, en mars 2014 », soutient la famille.
Bettina Gerecht a tenté de régulariser, l’année dernière, la construction de deux hébergements et deux salles de réunion pour des associations culturelles et équestres. La mairie a refusé de délivrer un permis de construire de conformité et a déposé plainte. « J’ai eu tort de lancer ces travaux sans permis, je le reconnais, mais je pensais trouver une solution à l’amiable, soupire Bettina Gerecht, en quête d’apaisement. Le bâtiment est hors de la vue du château, dans une partie non classée monument historique. »
ettina Gerecht accuse le maire d’avoir fait lecture au conseil municipal extraordinaire tenu au sujet de sa propriété le CV de son compagnon, Pierre-Jean Benghozi, directeur de recherche au CNRS en gestion-économie et enseignant à Polytechnique, « pour faire comprendre aux élus que cet érudit n’est pas au-dessus des lois. C’était déplacé : le permis est déposé en mon nom », regrette la châtelaine qui accuse le maire d’avoir « envoyé une lettre à tous les habitants nous pointant du doigt comme des irrespectueux des lois : un habitant a fait construire des boxes à chevaux illégalement et a obtenu un permis après-coup. Pourquoi ? »
Le couple souhaite transformer le domaine en pôle culturel et y organise des concerts, du théâtre… Il peine à entretenir ce patrimoine et la mairie lui a augmenté, ainsi qu’à quelques propriétaires de fonciers importants, la taxe d’aménagement de 5 % à 20 %. Enfin, le courrier du château arrive chaque matin déjà ouvert dans la boîte-aux-lettres…