CITE DU VATICAN, 25 sept 2013 (AFP) – L’écrivain français d’origine juive
polonaise Marek Halter a brièvement salué mercredi le pape François au nom de
huit imams modérés français, venus à l’audience générale place Saint-Pierre
témoigner de leur respect pour le chef de l’Eglise catholique.
M. Halter a pu s’entretenir pendant une minute avec François au milieu
d’une foule enthousiaste de 40.000 personnes. Ces religieux – sept de Paris et
de sa banlieue, et un de Marseille -, qui avaient assisté au premier rang à
l’audience, n’ont pas pu le saluer individuellement, à leur grande déception.
Marek Halter a expliqué comment la brève rencontre s’était passée alors
même qu’ils étaient entourés de centaines de personnes pressées de saluer le
pape: « Je lui ai parlé, en argentin. Je lui ai dit: +Il faut notre photo
ensemble+ (avec les imams). Il m’a répondu: +Ne vous en faites pas: d’ici un
ou deux mois, on fera cette photo! + »
Le Tunisien Hassen Chalghoumi, imam de Drancy, dans la banlieue de Paris,
chef de file de ces religieux, a exprimé sa joie d’avoir été là de toute
façon, en remarquant: « On l’a salué. Même chez nous à La Mecque, on n’arrive
pas à saluer facilement l’imam de La Mecque, mais on lui fait un signe ».
« La solidarité, elle est là! Ces imams étaient là pour les chrétiens et
pour le pape aussi. Lui a compris le message: nous n’avons rien à avoir avec
ces assassinats », a déclaré cet imam d’origine tunisienne à l’AFP-TV, à propos
des récents attentats islamistes au Kenya, au Nigeria et au Pakistan.
« On sent chez ce pape quelque chose de fort. On a besoin de lui, nous, les
minorités. Il faut soutenir les modérés. Il ne faut pas faire l’amalgame avec
les fanatiques qui brûlent les églises », a ajouté Hassen Chalghoumi.
La délégation était formée surtout d’imams originaires d’Afrique noire et
tous modérés.
« Si nous n’étions pas des soufis, nous ne serions pas venus au Vatican », a
souligné l’imam, à propos de ce courant tolérant de l’islam sunnite. Hassen
Chalghoumi, connu pour ses positions contre l’islam intégriste, avait dénoncé
début septembre une agression subie par lui-même, sa femme et ses enfants en
Tunisie.
Le producteur de cinéma tunisien, propriétaire des chaînes de télévision
Nessma, Tarak Ben Ammar, qui avait convoyé gratuitement dans son avion la
délégation, a estimé que les images des imams auraient un impact positif pour
le dialogue inter-religieux, à une époque de « complète ignorance religieuse »
de la jeunesse et d’intolérance sur internet.
« Nous avons un problème à régler avec nous-mêmes. Les chrétiens ont connu
cela au Moyen-Age. L’islam politique a pris le dessus », a-t-il observé.
Avant la visite, Marek Halter, auteur notamment du livre « La mémoire
d’Abraham », avait présenté le pape argentin comme quelqu’un « qui peut faire ce
que Benoît XVI n’avait pas fait: réconcilier la chrétienté et l’islam ».
En novembre 2012, M. Halter s’était rendu en visite en Israël et dans les
territoires palestiniens aux côtés d’imams de France, également à l’initiative
de l’imam de Drancy.
Jean Paul II et Benoît XVI ont multiplié les gestes en direction des
musulmans, se rendant dans diverses mosquées et effectuant des déclarations
bienveillantes à l’égard de l’islam modéré. Mais, alors que la popularité de
Jean Paul II est restée immense dans le monde musulman, Benoît XVI est
impopulaire depuis un discours à Ratisbonne (Bavière) en 2006 où il avait
semblé assimiler l’islam et la violence, suscitant un tollé chez les musulmans.
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